Page:Nouveau - Savoir aimer, 1904.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
LES MAINS.


Le pouce, dur avec sa taille courte et grasse
A la force. Il a l’air d’Hercule triomphant.
Le plus faible de tous, le plus doux à la grâce,
Et c’est le petit doigt qui sut rester enfant.

Servez vos mains, ce sont vos servantes fidèles,
Donnez à leur repos un lit tout en dentelles.

Ce sont vos mains qui font la caresse ici-bas,
Croyez qu’elles sont sœurs des lys et sœurs des ailes
Ne les méprisez pas. Ne les négligez pas,
Et laissez-les fleurir comme des asphodèles.

Portez à Dieu le doux trésor de vos parfums,
Le soir à la prière, éclose sur les lèvres,
Ô mains, et joignez-vous pour les pauvres défunts.

Pour que Dieu dans les mains rafraîchissent nos fièvres.


Pour que le mois des fruits vous charge de ses dons,
Mains, ouvrez-vous toujours sur un nid de pardons.

Et vous dites, ô vous, qui détestant les armes,
Mirez votre tristesse au fleuve de nos larmes,
Vieillard dont les cheveux sont tout blancs vers le jour,
Jeune homme, aux yeux divins où se lève l’amour,
Douce femme mêlant ta rêverie aux anges ;
Le cœur gonflé parfois au fond des soirs étranges,
Sans songer qu’en vos mains fleurit la volonté,
Tous vous dites : « Où donc est-il, en vérité,
Le Remède, ô Seigneur, car nos maux sont extrêmes ? »

Mais il est dans vos mains, mais il est vos mains mêmes.