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LES MUSÉES


 Ô génie, ô lent créateur,
Comme Dieu fait courir la sève dans les arbres
Tu fais courir la vie aux lignes des beaux marbres,
 Et sur la pierre, à la hauteur
Des bras de la statue ou du col de l’amphore
 L’œil croit voir voltiger encore
 Les mains illustres du sculpteur.

 Alors notre cœur se rappelle
Le temps d’Auguste, l’âge où florissait Apelle !
Tous ceux dont un laurier pressait le front puissant.
Le pnyx sonore où rit la troupe des esclaves
Les toges du forum, les plis des laticlaves,
César spirituel ! Sophocle éblouissant !

Rome Athène ! Ô palais que la colline élève !
Vous, Romains, vous sculptez à la pointe du glaive,
 Et vous, qui soupez chez les dieux,
Vous possédez la grâce, et vous la versez toute
Athéniens, et c’est chez vous que l’âme écoute
Le grand hymne muet qui chante pour les yeux
 Le long des lignes, sous la voûte,
 De vos temples mélodieux.

Des anciens, endormis au bruit frais des fontaines,
Les âmes en rêvant se promènent ici
Caressant tous les fronts d’un regret adouci ;
 Et font, sur les lèvres hautaines
Des Romains et des Grecs et de Tibère aussi,
Chuchoter un long flot de paroles lointaines.