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SAVOIR AIMER


Vers Jeanne Darc et Geneviève
Dont l’étoile au ciel noir se lève,
Dont le paisible troupeau rêve,
Oublieux du loup qui s’enfuit ;
Douces porteuses de bannière
Qui refoulaient à leur manière
L’impur Suffolk vers sa tanière,
L’aveugle Attila dans sa nuit.

Sur la lyre à la corde amère,
Où le chant d’un dieu s’est voilé,
Ils iront saluer Homère
Sous son haillon tout étoilé,
Celui pour qui jadis les Îles
Et la Grèce étaient sans asiles
Habite aujourd’hui dans nos villes
La colonne et le piédestal ;
Une fontaine à leur flanc jase
Où l’enfant puise avec son vase,
Et la rêverie en extase
Avec son urne de cristal.

Loin des palais, sous les beaux arbres
Où les paons, compagnons des dieux
Traînent dans la blancheur des marbres
Leurs manteaux d’azur, couverts d’yeux ;
Où, des bassins que son chant noie
L’onde s’échevèle et poudroie,
Laissant ce faste et cette joie,
Mes strophes abattront leur vol,
Pour entendre éclater, superbe,
La voix la plus proche du Verbe