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L’HUMILITÉ


Immobile et de pleurs vêtue
Va grandir comme une statue
Que la foi des temps perpétue,
Haute assez pour jeter sur nous
Nos deuils, nos larmes et nos râles,
Son ombre aux ailes magistrales,
Comme l’ombre des cathédrales
Sur les collines à genoux.

Près de la blanche Madeleine,
Dont l’époux reste parfumé
Des odeurs de son urne pleine,
Près de Jean, le disciple aimé,
C’est ainsi qu’entre deux infâmes,
Honni des hommes et des femmes,
Pour le ravissement des âmes
Voulut éclore et se flétrir
Celui qui, d’un cri charitable
Appelant le pauvre à sa table,
Était bien le Dieu véritable
Puisque l’homme l’a fait mourir !

Maintenant que Tibère écoute
Rire le flot, chanter le nid
Olympe ! un cri monte à ta voûte,
Et c’est : Lamma Sabacthani !
Les dieux voient s’écrouler leur nombre,
Le vieux monde plonge dans l’ombre
Usé comme un vêtement sombre
Qui se détache par lambeaux.
Un empire inconnu se fonde
Et Rome voit éclore un monde