Page:Nouveau - Valentines et autres vers, 1921.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
VALENTINES


Paix au caveau ! Murez la porte !
Je ressuscite, au dernier jour.
Entre mes bras je prends la Morte,
Je m’élève d’une aile forte,
Nous montons au ciel dans l’Amour.

Un point… important… qui m’importe,
Pour vous ça doit vous être égal,
Je ne veux pas que l’on m’emporte
Dans des habits d’aucune sorte,
Fût-ce un habit de carnaval.

Pas de suaire en toile bise…
Tiens ! c’est presque un vers de Gautier ;
Pas de linceul, pas de chemise,
Puisqu’il faut que je vous le dise,
Nu, tout nu, mais nu, tout entier.

Comme sans fourreau la rapière,
Comme sans gant du tout la main,
Nu comme un ver sous ma paupière,
Et qu’on ne grave sur leur pierre,
Qu’un nom, un mot, un seul, Germain.

Fou de corps, fou d’esprit, fou d’âme,
De cœur, si l’on veut de cerveau,
J’ai fait mon testament, Madame ;
Qu’il reste entre vos mains de femme,
Dûment signé : Germain Nouveau.

Octobre 1885 — Avril 1887