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manière plus énergique en appliquant de l’opium à la surface du cerveau lui-même ou sur l’aracnoïde que lorsqu’on l’applique sur quelqu’autre partie où l’absorption se fait habituellement avec activité. C’est en injectant une dissolution aqueuse d’opium dans la carotide d’un chien qu’on le fait périr le plus promptement, et il ne faut pour tuer de cette manière un chien de moyenne taille, que trois ou quatre grains d’extrait d’opium, tandis qu’il en faudroit deux gros pour le tuer, en l’introduisant dans l’estomac. L’animal ne meurt dans ce dernier cas qu’au bout d’une heure ou deux et quelquefois plus tard, tandis que dans le premier cas, il meurt au bout de quelques minutes.

L’injection d’une dissolution aqueuse d’opium dans une veine telle que la crurale ou la jugulaire, fait périr un animal un peu moins promptement que l’injection de la même dissolution dans l’artère carotide ; il en faut donc une dose un peu plus forte[1].

Une dissolution aqueuse d’opium injecté dans la plèvre ou dans le péritoine, fait périr un chien presqu’aussi promptement que lorsque l’injection est pratiquée dans une veine et il ne faut pour cela que 8 à 16 grains d’extrait, suivant la grosseur de l’animal. L’activité avec laquelle se font l’exhalation et l’absorption dans les membranes séreuses rend raison de ce phénomène.

Les effets de l’opium sont beaucoup moins prompts et moins énergiques quand il est injecté dans le tissu cellulaire.

Ils ont également lieu lorsque la dissolution aqueuse d’opium est injectée dans la vessie, mais il faudroit une quantité considérable d’opium pour déterminer la mort d’un animal de cette manière.

L’opium appliqué sur une large surface musculaire, produit aussi les phénomènes cérébraux qu’on observe quand il a été administré à l’intérieur, et ne fait pas perdre au muscle sa contractilité. Un cœur isolé des autres parties pendant la vie d’un animal, et plongé dans une forte dissolution aqueuse d’opium, continue à s’y contracter pendant très-longtems ; les assertions émises à cet égard par plusieurs physiologistes, sont erronées. L’opium, donné à l’intérieur, produit cependant toujours une foiblesse musculaire, mais c’est en agissant sur le cerveau et nullement sur la contractilité. L’extrait d’opium appliqué


  1. M. Nysten a constamment comparé les effets de ces injections d’opium, avec ceux des injections d’une dissolution d’un autre extrait amer non narcotique ; il a par conséquent toujours distingué ce qui peut provenir d’une compression déterminée à la base du cerveau, par un liquide injecté, d’avec les effets de l’opium. D’ailleurs les effets de cette compression n’ont jamais lieu quand on fait l’injection lentement.