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MonDaîe d’Argos.

ARGOPE - ARGOULET

néanmoins une certaine valeur stratégique, bien qu’il puisse toujours être tourné par le N. ou par le S. C’est, on le sait, ce qui se produisit en 1544 et en 1870. Il en fut autrement en 1792 ; la Croix-aux-Bois fut occupée, et Dumouriez dut se porter en avant des « Thermopvles de la France » pour gagner, à Valmy, à l’aide de Kellermann, la bataille qui arrêta Brunswick et l’obligea bientôt après à la retraite.

ARGOPE ou ARGOPUS ( puss — du gr. argos, inactif, et nous, pied) n. m. Genre d’insectes coléoptères phytophages, tamille des halticidés, renfermant des altises européennes. Trois espèces, dont deux françaises : aryopus brevis, argopiis hemispfiasricus.

ARGOPHYLLE (du gr. argos, blanc, et phiUlon, feuille) n. m. Genre de saxifragacées-escalloniées, comprenant des arbustes couverts d’un duvet soyeux, à feuilles alternes, originaire de l’Australie et de la Nouvelle-Calédonie. Il On dit aussi argophtllum.

ARGOPHTLLÉES n. f. pi. Bot. Groupe de plantes ayant pour type le genre argophijlle. — Une argophyllée. Argos {gôss — vieux mot pélasgique, qui signifiait plaine). Sous le nom de Pelasgîkon Argos, les poèmes homériques désignent la grande plaine thessalionne qui entoure Larissa. — Nom donné, par extension, à plusieurs villes grecques situées en plaine. Argos {gôss), ville d’Argolide, située à quelques kilomètres de la mer, sur l’Inaclios (auj. Planitza).

— Encycl. Argos passait pour la plus ancienne ville do Grèce, et elle joua un grand rôle aux temps liéroïqnes. Fondée, dit-on, par les Pélasges, elle fut gouvernée plus tard par l’Egyptien Da-

naos et par ses des-

cendants. Eclipsée

quelque temps par

Tirynthe et par

Mycènes, qui fu-

rent sous Agamem-

non les principales

cités d’ Argolide ,

elle redevint, sous

Oreste, la capitale

du pays, le grand

centre de la civi-

lisation achéenne. Conquise par les Doriens, elle conserva d’abord sa prépondérance, et fut longtemps à la tête d’une puissante confédération. Phidon, tyran d’Argos au vni* siècle, domina tout le Péloponèse. Au vi« siècle, Sparte brisa cette hégémonie par ses victoires de Cynurie (547) et de Tirynthe. Argos môme eût été prise sans la vaillance des femmes, que dirigeait Télésilla. La ville se releva au v’ siècle, détruisit Àlycènes et Tirynthe, et joua un rôle dans la grande guerre entre Athènes et Sparte. Après la paix de Nicias (421), elle se ligua contre Sparte avec les Athéniens, les Mantinéens, les Eléens et les Corinthiens. Complètement vaincue à Mantinée (418), elle fut affaiblie encore par de longues guerres civiles entre le parti oligarchique et le parti démocratique. Dès lors, elle n’est plus mentionnée que rarement dans l’histoire. Au début du IV’ siècle, elle s’allia contre Sparte avec Athènes, puis avec Thèbos (362). Au m’ siècle, elle fut assiégée en vain par Pyrrhus, puis fut agrégée à la ligue achéenne, dont elle fit longtemps partie. Depuis 146, elle suivit le destin du reste de la Grèce, fut comprise dans la province romaine d’Achaïe, puis dans l’empire byzantin. Au xni* siècle, prise par Guillaume de Villehardouin, elle devint un iief du duché d’Athènes. Conquise par Bajazet en 1397, reprise par les Vénitiens en 1686, elle fut quelque temps la capitale des possessions vénitiennes en Grèce, et retomba sous le joug des Turcs en 1706. Au moment de la, guerre d’indépendance, elle fut défendue contre l’armée ottomane par Hypsilanti. En 1821, c’est au théâtre d’Argos que siégea l’assemblée nationale des Hellènes. Aujourd’hui, Argos est une petite ville de lO.OOO hab., entourée de jardins, assez commerçante, chef-lieu du nome d’Argolide-et-Corinthie.

Argos a été, dans l’antiquité, un des centres artistiques de la Grèce. Elle a eu une importante école de sculpture, et a produit de grands artistes comme Polyclète. Des nombreux monuments qu’y visitait Pausauias.’il reste peu do chose : 62 gradins de théâtre, et, près de là, quelques constructions romaines ; des murs pélasgiques sur la colline abrupte de Larissa, l’ancienne Acropole, que couronne un château byzantin et franc ; non loin de Mycènes, les soubassements du célèbre He-

raion, qui a été récemment

fouillé, et où l’on a découvert

de très lines sculptures, con-

servées au musée d’Argos ou

au musée national d’Athènes.

— BiBLioGR. : Schneidewirtli ;

Geschichte des Dorischen Argos

(Heiligenstadt, 1865-66).

ARGOSTEMME (sièm’ — du

gr. argos, blanc, et stemma,

couronne) n. f. Genre de ru-

biacées-rondelétiées, r e n f e rmant des petites plantes herba-

cées délicates, charnues ou

membraneuses, glabres ou

pourvues de poils articulés.

Une quarantaine d’espèces dé-

crites, provenant des monta-

gnes de l’Inde orientale, de l’archipel Indien, et une de l’Afrique tropicale et occidentale. Argostoli, ch.-l. et port de l’île de Céphalonie (îles Ioniennes) ; 9.000 hab.

ARGOT {go) n. m. En T. d’hortic, Partie de bois qui est au-dessus de l’œil. Syn. de ergot. ARGOT {go — étym. douteuse ; peut-être du lat. arguo, j’arguë) n. m. Langage particulier aux malfaiteurs et à tous les individus qui ont intérêt à se communiquer leurs pensées sans être compris de ceux qui les entourent : Argot français, italien, espagnol, allemand. ~ Par ext. Se dit des termes parti entre eux les gens d’une même profe coulisses, des maquignons.

— Fig. Il sait tout, il entend l’argot. Se dit d’un homme intelligent, mais quelque peu fripon, ’- Encycl. « Qu’on y consente ou non, dit Victor Hugo, Argostemme. — a, fleur.

Vargot a sa syntaxe et sa poésie. C’est une langue. Si, à la difformité de’certains vocables, on reconnaît qu’elle a été mâchée par Mandrin, à la splendeur de certaines métonymies, on reconnaît que Villon l’a parlée. C’est toute une langue dans la langue, une sorte d excroissance maladive, une greffe malsaine qui a produit une végétation, un parasite qui a ses racines dans le vieux tronc gaulois, et dont le feuillage sinistre rampe sur tout un côté de la langue. Formation profende et bizarre, édifice souterrain bâti en commun par tous les misérables ; chaque race maudite a déposé sa couche, chaque souffrance a laissé tomber sa pierre, chaque cœur a donné son caillou, h Notre argot français parait dater du xiv* ou duxv" siècle, époque où des associations de vagabonds et de gens de mauvaise vie infestaient Paris, et trouvaient un refuge assuré dans les ruelles sombres et étroites nommées cours des A/iy’acles. Quelques auteurs prétendent qu’on no peut rien découvrir relativement à l’argot avant l’année 1427, époque de la première apparition des bohémiens à Paris, et ils en concluent que ce sont eux qui en ont fourni les premiers éléments. Sauvage assure que c’est à des écoliers et â des élèves débauchés que l’on doit la fondation du langage argotique. D’autres prétendent que ce langage était le même que celui dont convinrent entre eux les marchands colporteurs qui couraient les foires du Poitou, mais qu’il ne tarda pas à être enrichi et perfectionné par les voleurs et les filous. Quoique son origine ne soit pas parfaitement constatée, il est cependant prouvé que primitivement l’argot était plutôt en usage parmi les mendiants que parmi les voleurs. C’est l’opinion d’un des anciens auteurs les mieux renseignés qui aient écrit sur l’argot, Olivier Chereau, dans son Jargon du langage de l’argot réformé à l’usage des merciers, porte-balles et bons pauvres, tiré et recueilli des plus fameux argotiers de ce temps (Paris, vers 1620). « L’antiquité nous apprend, et les docteurs de l’argot nous enseignent, dit-il, que ung roy de France ayant establi les foires à Niort, Fontenay et autres villes du Poitou, plusieurs personnes se voulurent mêler de la mercerie, pour à quoy remédier, les vieux merciers s’assemblèrent et ordonnèrent que ceux qui voudroient à l’avenir estre merciers, se feroient recevoir par les anciens, nommant et appelant les petits mercelots péchons et les autres bleches ; puis ordonnèrent un certain langaige entre eux...» Ce livre avait été précédé par la Vie généreuse des mercelots, gueux et bohénàens, de Pechon de Ruby, qui est le plus ancien traité composé sur l’argot. François Villon, qui paraît avoir été mercerot à une époque indéterminée de sa vie : Moy, pauvre mercerot de Renés.-,

dit-il, dans une des ballades de son Grand Testament, François Villon parlait l’argot comme sa langue naturelle. Mais si les porte-balles de Niort ou de Rennes l’inventèrent, les gueux, mendiants, besaciers, truands, filous, et autres suppôts du Grand Coësre, l’enrichirent considérablement. Formé par des hommes vivant en état de révolte ouverte contre les lois et les mœurs, mais doués d’intelligence et de cette ingéniosité toujours en éveil qu’il faut pour gagner sa vie en marge de la société, il brille généralement par le pittoresque et l’énergie de l’expression. C’est aussi une langue extrêmement changeante et mobile. " Etant l’idiome de la corruption, dit Ch. Nodier, il se corrompt vite lui-même. Comme il cherche toujours à se dérober, sitôt qu’il se sent compris, il se transforme, il va se décomposant et se recomposant sans cesse. Cartouche parlerait hébreu pour Lacenairc ; tous les mots de cette langue sont perpétuellement en fuite, comme les hommes qui les prononcent. " A preuve de cette remarque, l’argot ooi « jobelin u de Villon est pour nous indéchiffrable, malgré les travaux d’A. Vitu, de Longnon, de Marcel Scliwob, et quoiqu’on puisse y relever un certain nombre de mots qui ont quelque affinité avec l’argot moderne :

Saupicquetz frouana des gours arques Pour deshouser, beau sire dieux.

Allez ailleurs planter vos marques ! Beiiards. vous estes routes ffueux, Berard s’ea va chez les joncheux

Et babigne qu’il a plong*

Se gruppez estes, desgrappes

De ces angels si graveliffes ;

Incontinent, manteaux et cappes

Pour l’emboue ferez éclipses

De vos sarges serez besilles

.Tout debout et non pas assis.

Pour ce, gardez d’estre griffes

Dedens ces gros coffres massis.

On voit ce qu’était l’argot du xv* siècle ; il se compose pour une grande partie de mots de la langue, entremêlés d’autres, convenus, qui empêchent aux non-initiés de saisir le sens. A la fin du xvi" siècle, l’argot s’est perfectionné, c’est une langue complète, mais dont la traduction est possible. Témoin ce sonnet de Marc de Papillon, dit le Capitaine Lasphrise :

Accipant du marpaut la galière pourrie, Grivolant porte-flambe enfile le trimard. Mais en despit de GiUe. o gueux, ton girouard A la mette on lura ta biotte conie. De l’artois blanchemin.

Ne roDce point du sabre au mion du taudis, Qui n’aille au Gaulfarault. gergonant de tesi Que soD journal o dus n’empoupe ta fouillou i lur ;

1 l’accolaDte tortouse.

« Ayant reçu de l’hôtelier une mauvaise jument, — Grivolant, prirte-ôpée, poursuis ta route. — Mais en dépit de Gilles, ô gueux, ton patron. — Au malin on verra ta béte morte. " Tu peux bien boire, crois-moi, et mange — Du chapon, du mouton et l’oignon criard, du pain blanc. — ir Ne rosse point & coups de bâton le garçon d’auberge : — Qu’il iraillp se plaindre de toi au patron — Que son portefeuille, au flus (jeu de cartes), n’emplisse ta poche. " En voyageant on boit et, dormant de nuit, — Sur la bonne paille et sur le bon manteau, — Ainsi tu ne verras pas la corde de la potence. "

C’est principalement l’argot des soldats et des casernes que nous fait connaître ce bravo capitaine Lasphrise. Un chanson extraite de Cartouche ou le Vice puni (1725), 6 — ot

nous donnera un spécimen de

il se rapproche beaucoup de

Fanandels, en cette piole.

On vit chenument ;

ArtoQ, pivois et criolle

On a gourdement.

Pitanchons, faisons riolle

Jusqu’à» jugement.

« Camarades, en cette mai

vin et viande — on aft. foison,

jugement dernier.

.1 Ici est le thùàtre — Dupetit Ci fant folâtre— Notre cœur. — -Buv

Pour l’argot du xix" siècle,

professionnel, Lacenaire :

440

l’argot usité au xviii* siècle ;

l’argot actuel :

Icicaille est le théâtre

Du petit dardant ;

Fonçons à ce mion folâtre

Notre palpitant.

Pitanchons pivois chenâtre

Jusques au luisant.

— On vit joliment bien ; — Pain,

iuvons, amusons-nous — Jusqu’au

pidon ; — Abandonnons à cet en-

ans du bon vin — Jusqu’au jour."

nous nous adresserons à un

(A la pègre).

Pègres traqueurs, qui voulez tous du fade. Puis au grand truc vous marchez en taflfant. Le pante aboule,

On perd la boule.

Puis de la toile on se crampe en rompant. On vous roussine.

Et puis la tine

Vient remoucher la butte en rigolant. Voleurs poltrons, qui voulez tous part au butin. Prêtez l’oreille à mes dernières paroles. Pour commencer, vous fouillez dans les poches ; Puis, quand vous vous mêlez de tuer, vous tremblez. La

On^jcrd la tète.

L tint qu’on peut

A côté de cet argot, qui est l’argot véritable, se sont développés une foule d’argots particuliers, chaque métier, chaque profession ayant le sien, composé de termes du métier et des métaphores qui en dérivent. Sous le titre général de Dictionnaire de la langue verte, A. Delvau a relevé les principaux mots ou locutions de ces argots particuliers ; Boutmy, dans son Dictionnaire de la langue verte typographique, a rassemblé les locutions en usage parmi les typographes. Tous les métiers pourraient être 1 objet d’un travail similaire : le maçon, le charpentier, le tailleur, l’acteur, le soldat, le marin, etc., se servent de termes ou de locutions qui leur sont propres. L’Ecole polytechniqui-, l’Ecole des beaux-arts, l’Ecole normale, l’Ecole centrale, ont chacune leur argot ; mais ce vocabulaire spécial, réduit à quarante ou cinquante mots au plus pour chacune, no forme pas, somme toute, une langue à part. L’argot boulevardier est plus riche, surtout si l’on y comprend l’argot des cercles, des joueurs, et celui des courses. Une revue, même sommaire, de ces divers argots nous entraînerait trop loin, et serait sans utilité, les locutions à la mode vieillissant très vite et étant promptement remplacées par d’autres.

— BiBLiOGR. : Dictionnaire argot-francais et françaisargot de Georges Delesalle (1896). [1 ! est très complet, et possède ce mérite que l’argot des malfaiteurs, le véritable argot, y est soigneusement distingué des autres par un signe typographique.] Le Dictionnaire historique, étymologique et anecdotique de l’argot parisien, de Lorédan Larchey {1860J, et ses Excentricités du langage (1881), qui en sont une réédition, ont joui longtemps dune grande renommée ; on V trouve enregistrés comme étant de l’argot : dantesque, bébé, boulevardier, conférencier ! Le Dictionnaire d’argot moderne, de Lucien Rigaud (1881), offre également un mélange d’argot très ancien et de mots qui ne sont pas de l’argot, comme la locution : Ah ! le bon billet qu’a La Châtre !

— Syn. Argot, baragouin, jargon, patois. Le patois est un dialecte parlé dans certaines provinces, he jargon est le langage d une personne qui arrange les mots d’une façon bizarre, qui alfecte des locutions ou des tours extraordinaires. Le baragouin est un jargon qui tient à la manière de prononcer, uargot est le langage des gueux et des voleurs.

ARGOTER (rad. argot) v. a. Hortic. Couper la partie morte d’une brandie, ii On dit aussi argotier. " Linguist. Parler argot, il On dit aussi, mais plus rarement ARGOTISER.

ARGOTIER [ti-é). 1ÈRE (rad. argot) n. Se disait autrefois de celui, de celle qui Iiantaitla cour des Miracles et autres lieux semblables, où se réunissaient les vagabonds, les gueux, les coquins, etc.

— Aujourd’hui, Celui, celle qui connaît l’argot, qui lo parle. Il On dit aussi argoteur, eusk. ARGOTIQUE adj. Qui appartient à l’argot, qui concerne l’aryot : Lanijage ARGoriyuE.

ARGOTISER

ARGOTISME (A

rgot

Parler argot. (Peu uî

D. m. Manière de parler qui tient Argou (Ga-

briel), célèbre

avocat au par-

lement de Pa-

ris, né dans le

Vivarais, mort

au commence-

ment du xviiie

siècle , auteur

de VJnstilution

du droit fran-

çais (Paris.

1692), ouvragre

qui résume les

principes juri-

diques alors en

vigueur.

Argouges.

comm. de la

Manche, arr. et

à 22 kilom. d’A-

vrauches ; 1.164

hab.

Argoulât.

ARGOULET

{lé — de Argolide, parce que les premières conipag :nie3 d’argoulets étaient composées de Grecs venus de ce pays» n. m. Corps de cavalerie légère, qui servait dans l’armée