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Stiitèrc d’élpctrum de Cyzifinfl.

Tétradrachme d’AtliZ-neB,

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Lesbos, Samos, Cyziquo, Cvm^, Phocéc. Milct. Ephèsc ; d’autres cnlin, en ari^’oiit, en or et en êlectrum, dont la patrie est encore plus douteuse, paraissent, par leur stylo, à peu près contemporaines les unes des autres. L’impression gônéralo qui résulte de rexamcn comparatif do oes pièces, c’est qu’elles sont du môme temps ; la monnaie d’Etat, au sens complot du mot, a donc t’ait son apparition à peu près simultanément dans les grands cenires comniorcianx qno nous venons d’onumi^rer, au cours du vu’ siècle avant notre ère. Une fois inventée, la monnaie se propaL^oa avec une extrt^nio rapidité dans tout le monde prec. Les monnaies frappées par les diverses villes ditï’èrent les unes des autres par leurs types et leur poids ; certains ateliers adoptant lo sysit*mo pondéral éginôtique, d’autres le système atti(|ue, d’autres les systèmes milésien, phénKon» corintliien, euboïquo, etc. Dans chaque système, la ])iôce principale ou étalon est la draohmo ou le statèro, qui n’est

Îu’uno double drachme. jos principales divisions sont : la tétradrachmo {i dr.), la didrachme (2 dr.), la drachme, l’h^midrachmc ou trioholo, le diobole ou 1/3 do drachme, l’obole ou 1/0 do drachme, riiémi-oholo. Los autres multiples, cmnuiu la dècadrachmo (10 drachmes), ou sous-multiplcs, cocnmo lo tartémorion ou Ï/-1 d’obole, sont exceptionnels. Dans les systf-mes oii lo statèro (double drachme) ost pris pour étalon, les divisions principales sont : le double statèro (tétradrachmo), le statèro, l’hémislatère, lu trité (1/3 de statèro), la tôiarté (1/4 de statèro), l’hocté (1/6 de statère), rhémî-hcctô. Dans les réf ^ions asiatiques, l’étalon des monnaies est le sicle, dont poids varie suivant les systèmes ; les doux principaux sont lo sicle médi<iuo et le siclo juif. Dans la Sicile et l’Italie méridionale, la pièce d’argent étalon s’appelle Homos (d’où lo nom latin nummus), et quelquefois litr-a {libra, livre), parce qu’elle représentait un poids d’argent équivalant à un lingot do bronze d’une livre. Dans les mémos pays, les principales divisions furent le décalilron, l’hémilitrion, le tétras (4 onces), le trias (3 onces), l’hexas ^2 onces), l’once, qui était la petite unité du système siculoitaliote. comme la litra en était la grande unité. La monnaie de bronze du monde grec avait pour unité lo chahiue {c/ialcous) et ses divisions, parmi lesquelles lo lepton et 1 hémi’lepton étaient les plus poûites.

Dans le systômo ëginétiquo ou phidonion, la drachme d’argent pèse or,28 ; dans le sysiômo lydien, le statèro d’électrum pèse 15f^90. La drachme attique ost de ■l»’,36 ; lo siclo médique, ou drachme perse, do 5«St ;o ; lo statère d’argent

f»hénicien,de iir,20 ; a statère d’or d’Alexandre, de 8.60 ; lo siclo d’argent juif, sous les Macchabées, do ur,25 ; le statère d’argent corinthien, de 8r,42. Ces différenis-systômos et leurs dérivés se ré-

Tétradrachmc do Thurtum (Lucauic ;.

Statère d’or d’Alexandre lo Grand

Sicle juif de Simon Macchabée.

Créséide ou statère d’or de Cr^soa.

pandirent dans tout lo monde grec, se disputant les ateliers et les marchés, suivant les vicissitudes politiques et la prépondérance commerciale do coriaiaes villes.

Ouiro les noms tirés do leur poids et que nous venons d’énumérer, les monnaies grec- <|ues recevaient souvent, dans l’usage, des appellations empruntées à leurs types, à leur origine, aux personnages qui les avaient créées ou à des circonstances particulières do leur émission. On connaît ainsi les créséides (do Crèsus), les darii/ues (de Darius), les pkUippei (do Philippe), les alexanarei (d’Alexandre), les cysicènes (de Cyzique), les tampsucènes (de Lampsaque). etc. On donnait le nom populaire do chouettes aux mon- -. .

naios d’argent d’Athènes, à. Darique d’or.

cause do leur type de la chouette : celui de tortues atix pièces db^’ino ; celui de pou/aj>i5 à celles de Corinthe à cause de leur type do ’

Pégase ; celui de cîstophores à dos pièces d’argent d’Asie Mineure qui ont pour type la ciste de Dionysos.

Los types des monnaies grecques varient à l’infini et consrituenl le »,,, , . .,., grand attrait do la nu- TUradrachme d Alexandre le Grand, mismatiquo. lis suivent les progrès de l’art, pas à pas dans chaque ville, à travers les siècles ; bien souvent, ils sont inspirés par des œuvres d’art ou des événements contemporains. Aux v« et iv" siècles avant notre ère, les

YI.

Cistophorc (monnaie d’argent de la provinoo romaine d’Asie).

Denier de la Rt^pubUquo romaine.

Monnaie d’or de Sylla.

monnaies do Syracuse, de Térina, dans l’Italie méridionale, de Larissa en Thcssalie, do Lampsaquo et de Colophon en Asie Mineure, sont des chefs-d’œuvre de gravure. Nous connaissons environ cinq ou six cents rois ou dynastes et près de quatorze cents villes grecques qui ont frappe monnaie avec des types indéfiniment variés et renouvelés et dans les- (luols toute l’histoire et la mythologie grecques sont représentées.

L’intérôt historique quo présente la numismatique rom a i II e n ’ s t p a s moins grand. Los plus anciennes monnaies do l’Italie centrale sont d’énormes lingots quadrilatères, sortes de briques de cuivre, sur lesquelles sont représentés un bœuf, un porc et d’autres animaux, qui sont manifestement un souvenir de l’ancien étal de cliosos, pendant lequel les bestiaux étaient réialon commercial. Ces lingots sont taillés sur le pied de la livre romaine de 327 grammes. Il on ost qui pèsent jusqu’à 4 ou 5 livres, d’où leurs noms de (juatirussis et de //uincussis ; les pièces d’une livre portant lo nom d’à* ou assis. Au-dessous de l’as, il y avait le semis ou domi-as, le trions, le quadrans, lo sextans et l’once ou 1/12 do l’as. Dans la suite des temps, ces mêmes divisions restèrent, mais le poids dos pièces alla toujours en diminuant, si bien quo l’as descendit du poids d’une livre à celui d’un tiers do livre (i09 ar.), puis au poids d’une once ou 27 grammes, d’où son nom d’as oncial. La fraïqie do la monnaie d argcmt fut introduite à Kome seulement en l’an 21)9 avant J.-C. ; on en établit l’ateîior dans une dépendance du temple de Junon Moneta {l’Avertisseuse), d’où lo nom de munela donné à ces espèces : toile est l’oriçino du mot " monnaie». On frappa ainsi trois espèces de pièces : lo denier ou drachme, valant 10 as de cuivre et pesant 1^,30 ; la quinaire ou demi-denier et le sesterce ou demi-quinairo. La monnaie d’or ne com monça à ôtre frappée à Rome que sous Sylla : co fut Vaureus ou nummxis aureus.

Fendant toute la durée de l’empire romain, les monnaies ordinaires sont : Vatn-eus et le quinaire d’or ou demi- (lureus, lo denier d’argent et lo cpiinairo d’argent ; entin, en bronze, les pièces quo, d’après leur module, les numismates classent en grands bronzes, moyens bronzes et peti ts bronzes. Exceptionnellomont , il y a des multiples ou grosses pièces d’or, d’argent et de bronze, iju’on appelle médaillons. Constan tin le Grand reforma complètement le système monétaire de l’empire et créa en or : le solidus ou sou d’or (d’où notre mot sol, sou], le semissis ou ûemi-solidus d’or et le ti^emissis ou triais, c’est-à-dire lo tiers de sou d’or. En argent, il créa lo 7)iiliarense ou millarès, la silique et la demi-silique. Ces espèces persistèrent sous l’empire byzantin. Les barbares do l’occident de l’Europe continuèrent à frapper aussi les espèces d’or et d’argent créées par Constantin. C’est ainsi que, chez les Francs Mérovingiens, on a lo sou d’or, le tiers de sou d’or et la demi-silique ou denier d’argent.

Les revers des monnaies impériales constituent, par leur diversité et leur précision chronologique, les archives ofliciollcs de l’histoire. Un règne comme celui d’Adrien, pour citer un exemple, no compte pas moins do 2.500 revers monétaires ditlérents, qui se répartissent en 1.600 pièces latines et 900 pièces grecques. Pour Auguste, on a environ 550 revers monétaires ; pour Néron, il en existe à ))eu près 300 ; pour Yespasien , 520 ; pour Marc- Aurèlo, 850. Ce sont pour la plupart des suites de tableaux en miniature, ijul déroulent à nos regards les événements de chaque règne, complétant et rectifiant au besoin les récits des historiens.

La numismatique des peuples du moyen âge et des temps modernes n’a plus ce même caractère. I>o rûle do monument commémoratif est, la plupart du temps, enlevé à la monnaie pour étro réservé spécialement à la niedaiUe. (V. ce mot.) En ellet, tes monnaies modernes sont fixées, en général, pour une longue période d’années, dans des types de convention qui ne changent guère ; à rencontre de ce qui se passait dans l’antiquité, les mémos emblèmes et les mêmes légendes se perpétuent aussi longtemps que dure un régime politique ; on modirîe seulement le millésime et les différents monétaires, tels que lettres ou symboles de graveurs et d’entrepreneurs et marques d’émission. Ces caractères de fixité se constatent déjà à l’époque mérovingienne : ils deviennent la règle à partir de la seconde race, en même temps que disparaît la frappe de l’or.

Sou d’or de Julien l’Apostat.

Triens mérovingien.

Grand bronze de Néron Claudius Drusus.

Denier de Charicmagnc.

Florin d’or de Florence.

Ecu d’or de saint Louis.

Gros tournois de saint Louis.

MO.xAIE

Les monnaies des Carolingiens furent, à de rares exceptions près , seulement le denier d’argent et l’obolo d’argent ou demi-denier. Il on fut aiosf jusqu’à saint Lou is. Le denier d argent carolingien, puis féodal, est mince et plat et ne pèse que 2 à 3 grammes. En Allemagne et dans les pays du centre do l’Europe, on lui donne souvent même l’aspect d’une simple feuille d’argent, en relief sur une face, en creux de l’autre, d*où lo nom de bractt’ates donoô à ces pièces. En France, les monnaies baronales imitent souvent les monnaies royales, et c’est ainsi que se propagent deux types principaux : le pari &is et le tournois, c’est-à-dire les types des deniers frappés dans les ateliers royaux de Paris et de Tours. Saint Louis créa deux nouvelles pièces : l’écu d’or, ainsi nommé à cause do son métal et do sou lypo, et le gros tournois d’argent. Ces pièces sont fort élégantes. Sous les règnes suivants, paraissent successivement une foule de nouvelles pièces d’or, que leurs types font dénommer l’agnel ou lo mouton , lo royal , la chaise, l’angelot, ’le mantelet, le franc à cheval, le franc à pied, le salut d’or. En argent et en billon, on a, outre le gros tournois, le donior tournois, lo denier parisis, lo gcand blanc, le petit blanc, le bourgeois, ta maille, la mitte, lapite ou

f)ougeoise. Au xiv* siècle, es variations ci les altérations des monnaies, provoquées par des nécessités financières, amenèrent des troubles économiques et parfois politiques fort graves, que sut pourtant tempérer le roi Cuarles V, conseillé par Nicolas Oresme. Sous Charles VI ( 1380-1422), les multiples ateliers do la monnaie royalo durent ditféreiicier leurs produits par un signe particulier qu’on a.i*’pc]a point secret, et qui fut gravé sous une des lettres de la légende. Louis XII (1497-1515), le premier dos rois de France, à l’exemple de co que faisaient depuis quelque temps déjà

les princes italiens, /’ ?<^7^■^^l^v XT V"*^ i

pla’ ;a son effigie sur les monnaies et créa ainsi le teston. François I"", en 1540 . ordonna do remplacer les points secrets par des lettres. Henri II introduisit dans la fabrication l’usage du balancier, qui remplaça lo marteau manié à la main.

Louis XIII créa le louis d’or, pièce qui fut gravée par Jean Varin et devait avoir, sous des transformationsmultiples, une si grande vogue jusqu’au milieu du xix* siècle. Sous Louis XIV et Louis XV, les types des monnaies d’or et d’argent varient souvent. Le 20 avril 1791, par un décret de l’Assemblée législative, fut créé le type constitutionnel, et les légendes latines furent remplacées par des légendes françaises. La principale pièce tut le louis d’or de 24 livres ; en argent, on eut l’écu de 6 livres, le petit écu do 3 livres, les pièces de 30 et de 15 sols ; en cuivre, les pièces de 2 sols, de 12 et de 6 deniers. Après la chute de la royauté, paraissent la légende liépubligue française et la devise Liberté, EqaV.té. Par la loi du 18 germinal an II, la livre de 20 sols prit le nom de franc et devint l’unité ou étalon mon é t a i r e ; la /-. centième par- /l^^ ;. t i du f r a " ’^ « ^ -’^ fut lo cenfii la pièce de 2 sols devM’ le dt^cime. ** i frappa des picces do 5 fr., 20 fr. et 40 fr. en argent ; des pièces de 2 décimes, 1 décime. 25 cent., 10 cent.. .^ cçnt,, 1 cent. Sous le premier Empire. les monnaies françaises portent, au droit, l’effigie de Napoléon, avec la légende Napoléon empereur et^aurevers, Réfubliqce frasçaisk.

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Mouton d’or ou agnel de Jean le Bon.

Denier parisiis de Philippe Auguste.

Tcston de Louis SU.

Louis d’or de Louis XIII.

par- /-^ . -. V% •anc iM ^>'3’3 <^

Ecu de Louis XIV aux trois conronncs.