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Lou a su lui donner toutes les qualités désirables. Autrefois les fabricans d’encre la conservaient dans des sachets de peau de léopard pour la préserver de l’humidité ; ils la mettaient aussi dans des coffres vernis, hermétiquement fermés pour augmenter son éclat. Anciennement l’encre qui venait de Nankin était la plus estimée ; il en est de même encore aujourd’hui. Parmi les différentes espèces d’encre qui viennent de ce pays, on met au premier rang celle qui est faite avec du noir de fumée de hou-ma (jesamum orientale) ; on y ajoute du musc, du camphre et du suc de hong-hoa (cathamus tinctorius) pour lui donner de l’éclat. On fait aussi de l’encre avec le noir de fumée du pin, mais elle est d’une qualité bien inférieure. L’encre en boule (Wan-me) est la même que celle qu’on appelle Thaïphing-me. Ces deux encres, que l’on fabrique avec le noir de fumée de pin, se tire des arrondissemens de Nié-theou et de Ngao-tcheou. On peut les employer à la teinture des étoffes. Le noir de fumée de pin vient d’un endroit appelé Hiong-ye, dans l’arrondissement de Ki-theou. On obtient ce noir de fumée en brûlant des nœuds de pins. L’encre en boule s’emploie à imprimer des lettres et des estampilles sur les ballots ou sur des caisses de marchandises. Pour écrire sur une étoffe de soie, mêlez un peu de suc de gingembre à l’eau dans laquelle vous délayez votre encre ; les caractères ne s’étaleront pas. Quand il fait très froid, délayez l’encre dans de l’eau où vous aurez mis un peu de suc de Fan-tsiao ( piper nigrum), vous pourrez écrire sans que l’encre se congèle. Quand vous avez du papier trop vieux, sur lequel il est difficile d’écrire, mêlez à l’encre du suc de Sung-kan (espèce de pin), le papier ne boira pas, et vous pourrez y tracer des caractères purs et élégans. Quand vous voulez vous assurer si l’encre est bonne ou mauvaise, mettez-en quelques gouttes sur une boîte vernissée en noir. Elle est excellente quand elle offre une teinte


noire exactement semblable à celle du vernis. On peut se servir utilement de l’encre pour guérir la brûlure. Délayez-la dans un peu d’eau, et faites-en une pâte épaisse que vous étendez sur la partie brûlée : la douleur s’apaise sur-le-champ. L’encre la meilleure et la plus estimée aujourd’hui se fabrique dans l’arrondissement de Hoës-Tcheon ; quelques fabricans à cause de la difficulté de transporter l’huile, envoient dans les districts de King-Sîang et de Ching-Youen, des personnes qui achètent à bas prix l’huile de Tong et la brûlent sur les lieux pour en obtenir le noir de fumée qu’elles rapportent avec elles. Lorsque l’encre faite avec ce noir de fumée est étendue sur du papier et exposée aux rayons obliques du soleil, elle offre un reflet d’un rouge brillant, si l’on a trempé la mèche de la lampe (où l’on a brûlé de l’huile de Tong) dans le suc de la plante Thse tsao (cercis cilicastrum) Lorsqu’on brûle de l’huile pour en obtenir du noir de fumée, une livre donne environ une once de noir de fumée de première qualité. On la recueille à mesure qu’elle se forme. Une personne vive et adroite peut faire le service de deux cents lampes. Si l’on recueille le noir de fumée avec trop de lenteur, elle se calcine, et l’on perd à-la-fois l’huile et le noir qu’on voulait en obtenir. Voici comment se fait l’encre ordinaire avec du noir de fumée de pin. On commence par dépouiller le pin de toute sa résine, ensuite on abat l’arbre. S’il restait la plus légère partie de résine, l’encre faite avec le noir de fumée de ce bois ne pourrait se dissoudre parfaitement dans l’eau et encrasserait le pinceau. Lorsqu’on veut dépouiller un pin de sa résine, on pratique un trou concave au pied de l’arbre, et on y place une lampe. Le bois s’échauffe peu à peu, et bientôt tout le suc de l’arbre découle par la saignée qu’on a faite. Les morceaux de pin que l’on brûle pour en obtenir du noir de fumée doivent être minces et avoir environ un pied de long. Le lieu destiné à recevoir le noir de fumée est une lon-