Page:Nouveaux principes tittoresques établis par Antoine Quemizet teinturier pour le Roy aux Gobelins.pdf/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

91

Quoique chaque substance colorante ait un même principe constitutif on sait que ces principes ne sont pas dans les végétaux dans une egale proportion, et que les organes de chaque plante ayant une constitution propre à sa nature, consequemment du suc qui lui est le plus propre. Ce n’est pas cependant que nous pensions avec M. Duhamel que chaque plante ne prenne et ne puisse absolument prendre que le suc conforme aux qualitées [sic] qu’elle doit avoir pour la distinguer des végétaux. Nous pensons au contraire, qu’il faut avoir autant d’egard au terrein qui la produit qu’à la disposition de son sucçoir par lequel s’infiltre le suc nourricier et qui de la se distribue dans tous le corps de la plante. Si les plantes ne recevoient que le suc qui convient à chacunes d’elles leurs qualitées ne variroient pas par exemple si la gaude qu’on cultive aux environs du Vaudreuil aupres de Rouen ne recevoit dans ses tuyaux que le suc qui lui convient, ce suc seroit analogue à celui qui circule dans la gaude qui croit aux environs de Pontoise, et cette plante quoiqu’ayant vegetée dans différents endroits elle devroit être égale pour la qualité, cependant la gaude qui nous vient du Vaudreuil est d’une couleur verdatre morne et celle qui croit aux environs de Pontoise est d’un beau jaune doré et produit beaucoup plus d’atomes colorants que celle des environs de Rouen. La raison en est simple, les terres du Vaudreuil sont beaucoup plus chargées de phlogistique et d’acide vitriolique que celle des environs de Paris ou Pontoise, le phlogistique emousse les pointes de l’acide, il ne peut attenuer parfaitement la terre acrassée la surabondance du phlogistique produit beaucoup d’ombre par consequent absorbe le rayon jaune de la substance colorante. Mais les terres où on cultive la gaude auprès de Paris, est une terre legere seleniteuse le suc circulateur attenue parfaitement la terre. Elle s’infiltre avec facilité dans les tuyaux de la plante comme la terre seleniteuse est beaucoup plus blanche que celle qui ne contient que du phlogistique et l’acide vitriolique, elle ne peut absorber à cause de sa blancheur les particules jaune qu’elle contient  cette plante consequemment doit produire une couleur plus diaphane que celle qui croit auprès du Vaudreuil.

Il n’est donc pas vraisemblable que les plantes ne recoivent que le suc qui leur convient ainsi que le prétend