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RONDEAUX REDOUBLÉS

L’AMANT GUÉRI.


Épris d’amour pour la jeune Climène,
J’ai soupiré pour elle un jour ou deux :
Si l’insensible eût partagé ma peine,
J’aurais long-temps brûlé des mêmes feux.

Depuis l’instant qu’un dépit courageux
M’ôta du cœur cette passion vaine,
Je ne saurais que plaindre un langoureux
Epris d’amour pour la jeune Climène.

Elle croyait me tenir dans sa chaîne ;
Mais quelque sot… Pourquoi perdre des vœux ?
Je sais trop bien qu’elle est fière, inhumaine :
J’ai soupiré pour elle un jour ou deux.

Je ne dis pas que mon cœur amoureux
N’eût soupiré pour elle une semaine.
J’aurais nourri cet amour dangereux,
Si l’insensible eût partagé ma peine.

Divin Bacchus, ta liqueur souveraine
M’a garanti d’un incendie affreux.
Sans ton secours, élève de Silène,
J’aurais long-temps brûlé des mêmes feux.