Page:Nouvelle revue germanique, tome 14, 1833.djvu/240

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une énigme inexplicable : c’est le signe imposant d’une puissance éloignée.

Mais l’ancien monde touche à sa fin ; ses jardins rians se flétrissent, les dieux s’en vont avec leur suite, et la nature reste déserte et sans vie. Le charme de l’existence tombe dans des paroles obscures, comme on voit la fleur s’en aller en poussière ; la croyance est loin, et avec elle, la vive, la puissante imagination. Un vent froid du nord souffle sur la campagne, et cette terre de merveilles s’évanouit ; les espaces lointains du ciel se remplissent de mondes brillans. Mais la lumière n’est plus le signe de manifestation et l’empire des dieux, on les recouvre du voile de la nuit, et ils dorment pour reparaître un jour dans le monde nouveau sous une autre forme. Ce monde nouveau, auquel rien ne ressemblait de tout ce qu’on avait vu jusque-là, s’élève au sein du peuple qui, mûri trop tôt, était déjà devenu étranger à l’innocence de la jeunesse. Dans une pauvre chaumière, la première vierge donne naissance à un fils, après un embrassement mystérieux. La sagesse de l’Orient reconnaît aussitôt l’aurore de l’ère qui commence, et l’étoile du ciel conduit les rois auprès d’un humble berceau, et ils lui rendent hommage pour l’avenir avec l’or et l’encens, les deux plus belles productions de la nature. Cependant le cœur céleste de l’enfant de Marie se développe avec son amour tout-puissant, et le front levé vers son divin père, Jésus repose sur le sein joyeux de la vierge ; déjà son regard prophétique se porte vers les jours à venir, vers la nouvelle race qu’il doit rallier à lui, et il s’inquiète peu du sort terrestre auquel il s’est astreint en ce monde. Bientôt se rassemblent auprès de lui les cœurs simples, tous enflammés d’un miraculeux amour ; une vie inconnue, une vie neuve éclôt comme la fleur partout où elle arrive. Des mots qu’on ne peut oublier, des paroles de paix et de bonheur, tombent comme des étincelles de ses lèvres amies.