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Page:Nouvelle revue germanique, tome 14, 1833.djvu/243

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bientôt aux bords du ciel. Bénie soit l’éternelle nuit ! Béni soit l’éternel sommeil ! Le jour fut assez chaud, le chagrin nous a flétris, la joie de l’étranger n’était pas pour nous ; retournons auprès de notre père. Et que faire dans ce monde avec notre amour et notre constance ? Le passé est derrière nous, que nous importe le présent ! Oh ! il doit être toujours seul et triste, celui qui aime le temps passé ; le temps passé où le cœur s’élevait pur comme la flamme, où l’homme reconnaissait la main et le visage de son père ; le temps passé où la race humaine se montrait dans sa fleur, où les enfans aspiraient aux tortures pour atteindre l’empire du ciel, où, résistant aux séductions de la vie et du plaisir, plus d’un cœur se brisait pour l’amour de son Dieu ; le temps passé où Dieu se révélait à nous : ce temps-là est maintenant voilé par l’obscurité ; il faut que nous retournions dans notre patrie pour le revoir. Qui donc pourrait s’opposer à notre retour ? Ceux que nous avons le plus aimés, dorment depuis long-temps ; leur tombeau arrête le cours de notre vie, nous n’avons plus rien à chercher, notre cœur est las, et le monde est vide. Une vague et mystérieuse apparition nous vient, il me semble entendre de loin un écho de notre tristesse. Nos bien-aimés désirent nous revoir et nous envoient une manifestation de leurs désirs : allons donc à notre fiancée, allons à Jésus. Le crépuscule du soir luit à ceux qui aiment et qui pleurent : c’est un rêve qui rompt nos liens, c’est un rêve qui nous ramène à notre père.


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