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NOUVELLES ET VARIÉTÉS.

l’archevêque ; mon père était jurisconsulte. Je reçus l’instruction primaire dans ma ville natale ; plus tard, je passai cinq ans au gymnase d’Aschaffenbourg, et me rendis ensuite à l’académie de Mayence en 1796, où je reçus bientôt le grade de bachelier en philosophie. Je voulus d’abord étudier la théologie, non par goût, mais parce que ma mère le souhaitait, et que mes moyens pécuniaires ne semblaient pas me permettre d’embrasser un autre état. Cependant la rive gauche ayant été réunie alors à la république française, le temps était tellement antithéologique, si j’ose m’exprimer ainsi, que je me décidai enfin à étudier la médecine. J’eus pour professeurs Wedekind, Weidmann et Ackermann, qui, comme médecins praticiens et comme auteurs, ont occupé depuis un rang distingué dans le monde médical. Ayant bientôt dépensé le peu de fortune que ma mère m’avait laissé, je fus obligé, pour subsister, de donner des leçons de philosophie et de mathématiques : persuadé cependant intimement que, pour réussir dans un art aussi difficile que la médecine, il fallait y consacrer tout son temps, je ne voulus donner que peu de leçons, de sorte que je manquais quelquefois, dans le véritable sens du mot, du strict nécessaire.

« La persuasion, qu’à force de persévérance je parviendrais bientôt à me procurer un état indépendant et lucratif, put seule rendre supportable l’amertume d’une telle situation. Je ne dois pas passer cependant sous silence, et la reconnaissance m’en fait un devoir, que le professeur Wedekind, aujourd’hui médecin du grand-duc de Hesse-Darmsudt, et le savant Ruf, firent tout ce qui leur était possible pour adoucir cet état pénible. Dans l’été de 1802, je fis mes examens, et je reçus le diplôme qui m’autorisa à exercer la médecine dans le département du Mont-Tonnerre. J’étais trop pauvre pour aller dans une des villes où il existait des facultés de médecine, pour me faire recevoir docteur ; mais j’espérais qu’au bout de quelques années j’aurais assez gagné pour faire face à cette