Page:Nouvelle revue germanique, tome 14, 1833.djvu/392

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ir ANirONCKS. Tat CHAMMLKOti, steend strits : Lb Cahéléoii, ucondc série, on Tolime in-S.** • Tout le monde connaît ces jolis al¬ manachs anglais qne chaqne année voit éclore sons le titre de Kerpsake, Bijou, Forgei me aol, etc., où l’é- léganee de l’impression le dispute b la blancheur dn vélin, où les fines et . précieuses gravures rivalisent avec la poésie du teste. Mous rerevona de Londres un de ces livres fashionables qui ne compte encore que deux ans d’existence, mais qui ne semble pas disposé b céder le pas b ses aînés ; car il adopte tout d’abord un format plus large que le leur, se fait plus grand et plus compacte, et se montre, quant au luxe typographique et b la reliure, tout aussi coquet et aussi élégant. Le Caméléon justifie son titre par la va¬ riété des sujets qu’il embnsse, et l’art avec lequel il sait se ployer b toutes les formes et prendre toutes les cou¬ leurs. La prose se mêle ici heureuse¬ ment b la poésie, un sujet grave b coté d’une nouvelle, une élégie auprès d’une chanson ; et au milieu de tout cela des morceaux de musique, dont je voudrais bien dire quelque chose, mais pour cela je ne suis pas encore assez fait an métier de journaliste, qui con¬ siste en grande partie, ai je ne me trompe, b parier très-pertinemment de ce que l’on ne connaît pas. Force m’est donc d’avoner que je n’ai ni exécuté, ni entendu exécuter ces morceaux de musique; mais je puis dire que je suis très-disposé b en avoir la meilleure opinion, si j’eb juge seulement par le soin avec lequel ils sont gravés, et le texte qui les accompagne. Parmi cette quantité de morceaux que renferme le Caméléon, ' il s’en trouve quelques-uns d’excellens. Ceux en prose surtout me semblent devoir occuper le premier rang, et je citerai entre aatres un nouveau chapitre sur Robroy, qui a ponr litre: a daj la Baljaidder, un petit roman par let¬ tres, auquel on ne fera que le re¬ proche d’étre trop court, et deux essais historiques très-intérossans, l’un qui forme le récit de Ja première croisade, l’autre qui en montre les résultats. Celui-lb est plein de vie et de chaleor, celui-ci va directement b l’envers d’une opinion reçue; b savoir que sous le rapport de la civilisation les croisades avec toutes leurs taches hideu.ses et sanglantes, ont été d’an grand secours b l’Oeridenl, en faisant passer parmi noua les germes de science, et les lumières d’un peuple beaucoup plus cultivéquenous ne l’étions aux onzième et douzième siècles. Mais quoique l’au¬ teur de l’essai sur la première croi¬ sade combatte cette assertion, je n’en rendrai pas moini justice b l’art avec lequel son traité est écrit, et au talent qüil met b défendre son opinion. Dans les morceaux en vers je trouve des choses longues et insignifiantes,

beaucoup de pièces qui ne sont qu’une

pâle imitation de Byron, et un ibible retentiasement des Iakistes. Mais il en est un grand nombre aussi qüon lira avec banhcnr; je citerai entre autres celle qui a pour titre la Mort de Mural, et qui a pour nous Fran¬ çais un intérêt particulier; PAdieu, le Portrait dt ma mire, et quel¬ ques-unes des chansons mises en mu¬ sique qui rappellent parfois la grice et la douce mélancolie de Th. Moore. Tel qüil est, je conçois que le Caméléon ait mérité lea suffiragea da peuple anglais, et j’espère bien un jour le voir impatronisé en France, et prendre place dans le boudoir de nos jeunes dames, et sur la table de nos littérateurs et de nos érudits du beau monde. X.

LEVRAULT, éditeur-propriétaire.