Page:Nouvelle revue germanique, tome 9, 1831.djvu/169

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beau, s’ils n’étaient pas sortis complément des voies de la nature !

Les vertus des anciens ne sont que des vices brillans, articulait, un jour, je ne sais quelle langue de vipère, et pourtant leurs vices mêmes sont des vertus, car on y remarque de la candeur et une conviction profonde. Mais les vertus des Allemands sont un mal brillant, et rien de plus ; elles sont arrachées par la crainte à des cœurs corrompus, et ne satisfont point une ame pure qui ne supporte pas les dissonances affreuses de la vie monotone et disciplinée de ces gens.

Je t’assure, mon ami, il n’y a rien de sacré que ce peuple ne profane et ne dégrade dans des vues intéressées. Ces barbares poussent la cupidité au point de faire métier et marchandise de ce que les sauvages mêmes ne dégraderaient pas, et ils n’en peuvent rien ; car partout où l’homme est dressé, il reste dans l’ornière, il ne cherche que son intérêt et n’est plus susceptible d’enthousiasme. Le plaisir, l’amour, la prière, la grande fête expiatoire qui lave les péchés, les doux rayons du soleil qui enchantent le captif et adoucissent le fiel du misanthrope, le papillon qui sort de sa prison, l’abeille qui butine, rien ne fait sortir l’Allemand de son assiette ordinaire, il ne lève pas même la tête pour voir le temps qu’il fait.

Mais tu le jugeras, ô sainte nature ! Car encore s’ils étaient modestes, ces Allemands ; s’ils n’avaient pas la prétention qu’on dût les imiter ; s’ils ne ravalaient pas quiconque ne pense pas comme eux, ou seulement si, en ravalant les autres, ils ne tuaient pas l’esprit divin !

J’exagère peut-être ? Mais l’air que vous respirez ne vaut-il mieux que vos discours ? Les rayons du soleil ne sont-ils pas plus généreux que vos savans ? Les sources et la rosée rafraîchissent vos bosquets ; en faites-vous autant ? Hélas ! vous savez donner la mort, mais il n’y a que l’amour