Page:Nouvelle revue germanique, tome 9, 1831.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
DIT NOVALIS.

dans une campagne voisine de Jéna. Après ces noces, notre ami se retira pour long-temps dans une habitation solitaire en Thuringe, appelée la Prairie dorée, au pied de la montagne de Kuffhausen. C’est dans cette solitude qu’il composa la plus grande partie de son Henri d’Ofterdingen. Il vécut là surtout dans la société de deux hommes distingués ; l’un était le général de Thielmann, beau-frère de sa fiancée, l’autre le général de Funk. La connaissance qu’il fit avec ce dernier, lui fut utile sous plus d’un rapport : ce général avait une belle bibliothèque, et c’est dans les Chroniques qu’il possédait, que Novalis trouva la vieille tradition du poète Ofterdingen. L’excellente biographie de Fréderic de Hohenstauffen, par Funk, que cet homme spirituel venait de publier, remplit notre jeune poète d’enthousiasme pour cet empereur, qu’il voulait représenter dans son roman comme le modèle des rois. En 1800 Novalis se rendit de nouveau à Weissenfels, d’où il m’écrivit le 23 Février : « Mon roman va bon train, quatorze feuilles à peu près sont prêtes pour l’impression. Le plan se trouve déjà complet dans ma tête. Le roman formera deux volumes, dont le premier sera achevé en trois semaines. Celui-ci contient des allusions à ce qui va suivre ; il est comme le piédestal de tout l’ouvrage, qui représente pour ainsi dire l’apothéose de la poésie. Dans le premier volume Henri d’Ofterdingen se forme comme poète, et atteint comme tel sa maturité ; dans le second, la poésie sera pour ainsi dire glorifiée en lui. Il aura beaucoup de ressemblance avec ton Sternbald[1], excepté la facilité ; ce défaut, j’espère, ne lui sera pas défavorable. C’est sous tous les rapports un premier essai, le premier fruit de la poésie renaissante chez moi, et c’est la connaissance que j’ai faite de toi qui a eu la plus grande in-

  1. C'est un excellent roman de Tieck, où celui-ci décrit d'une manière poétique la vie d'un jeune peintre, élève d'Albert Durer à Augsbourg.