Là courent les petits-maîtres Anglomanes
Sur de grands chevaux sans queue ;
Là, avec de grosses cannes, circulent à pied
Les incroyables aux cheveux noirs ;
Là on entend retentir coups de fouet, grelots,
Cependant, sur la grande prairie l’arracheur de dents
Sans pitié démantibule les mâchoires des paysans ;
Le charlatan vend de la thériaque et des onguents ;
Un autre fait danser singes et chiens ;
Et sur un colachon discordant, un pieux aveugle
Chante le martyre de Saint Toto.
Cérès déjà fait lever la riche moisson,
Et déjà l’agriculteur aiguise sa faux ;
Plus d’un quitte la compagnie
Et, entre les sillons, dans quelque endroit ignoré,
Excité par le vin du goûter
Avec Betta et Cecca fait son affaire.
Mais plus que tous les autres agréments, la grande
Renommée de Monsieur le Curé
Attirait la foule dans ces parages.
C’était réellement un homme aimable et bien élevé ;
Il savait tant de facéties et de bons mots
Qu’on aurait cru voir revivre en lui le prêtre Arlotto.
À peine avait-il achevé son huitième lustre ;
Il avait les cheveux bruns, la barbe et le visage bruns,
La lèvre lippue, le teint rouge ;
L’heureuse oisiveté peinte sur sa face
Montrait qu’il était ennemi
Des offices, des bréviaires et des neuvaines.