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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/243

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DE SAINT PASCAL


Le signor Torso laissait sa femme enceinte.
Elle était entrée dans son deuxième mois,
Quand, une nuit, le visage d’une pâleur livide,
À cause d’une convulsion qui la surprit,
Elle se réveilla en hurlant : l’aurore
N’apparaissait pas encore à l’horizon.

La femme de chambre accourut à ses cris.
Elle lui dit, à demi égarée,
Qu’elle avait fait un songe horrible,
Et qu’il lui semblait avoir mis au monde
Une créature avec bec et ongles
Et qui avait des cornes et une queue, comme un monstre.

La rusée servante, qui du prêtre avait déjà,
Pour le servir dans ses amours, reçu les largesses,
Répondit : — « Madame, ne croyez pas
» Que ce songe soit une plaisanterie ;
» Quelque malheur, que vous ignorez encore,
» Vous est peut-être ainsi révélé par un saint. »

— « Oh ! serait-il vrai ? » dit Isabella. « Juste
» Au moment où j’ai mis ce monstre au monde,
» Sur le ciel de mon lit j’ai entendu
» Trois coups qu’aucun intervalle n’a séparés ;
» Par ce moyen, d’un malheur qui me menace
» Saint Pascal a voulu m’avertir.

» Mais, ô ciel ! que faire ?… Qui saura me dire
» Ce que peut signifier un songe si effrayant ?
» Comment m’y prendre pour écarter le danger ?
» Comment faire pour me mettre l’esprit en repos ?
» Où puis-je, ma bonne, trouver
» Un homme assez sage pour me le pouvoir dire ? »