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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/255

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DE SAINT PASCAL


Il le voyait venir souvent dans sa maison,
Rire et plaisanter avec sa sœur ;
Mais il crut découvrir, de façon claire et palpable,
Dans les manières du Comte, dans sa conversation,
Que l’amitié seule le guidait :
Aussi le laissa-t-il souvent seul avec elle.

Cependant le rusé Comte cherchait
À entrer dans les bonnes grâces de la belle fille ;
Il lui contait des histoires de sorciers et de sorcières,
Des choses étonnantes et horripilantes,
Et de quelle sorte, voyageant en compagnie
D’un Bohémien, il avait appris la magie.

Il lui disait qu’il savait faire un enchantement
Capable de dévoiler le voleur, même le plus malin,
Et de faire pénétrer dans la moelle
Des os d’autrui maître Tentennino,
Et d’appeler, du pays des ombres sur la terre,
La Sibylle et le vieux Siméon.

Qu’on parle de mensonges à un gazetier,
De fièvres inflammatoires à un docteur,
À un pâtissier de régler son compte,
D’affaires embrouillées à un procureur :
Ils n’éprouvent pas un plaisir aussi complet
Que la sœur du Curé aux propos du Comte Torso.

Le Comte, cependant, avait bien remarqué
Que, dans le mobilier précieux
Du Curé, resplendissait noblement
Un grand bassin d’argent ciselé,
Qui passait auprès des connaisseurs
Pour le plus beau travail de Benvenuto.