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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/257

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DE SAINT PASCAL


Un jour le Comte, par malice et par ruse,
Trouva moyen d’avoir les clefs en main,
Et emporta le bassin, sans être aperçu,
En le cachant sous un ample manteau ;
Son larcin demeura ignoré
Jusqu’au jour de la fête de Saint Toto.

Le prêtre, qui, par concession papale,
Officiait ce jour-là comme un évêque,
Devant célébrer une messe pontificale,
Voulut se servir de ce bassin ;
Il le demande à sa sœur et la prie
De le mettre avec les autres ornements dans la sacristie.

La pauvre enfant s’était aperçue
Depuis plusieurs jours du vol, et ne disait mot ;
À semblable demande, elle faillit tomber morte,
Et eut peine à rester debout ;
Elle répondit enfin, le visage décoloré :
— « Je vous demande pardon, on me l’a volé. »

Le galant empoisonné par sa maîtresse,
Le pédagogue qui entend un solécisme,
L’hôte que le voyageur a attrapé,
Le diable qui subit le plus terrible exorcisme,
Le joueur réduit à se sauver en chemise,
Sont moins en fureur que ce curé.

Il veut exhaler sa colère, mais une perte si cruelle
Le chagrine et le tourmente bien trop.
Un épouvantable courroux étouffe sa voix
Qui s’arrête dans son gosier
Et ne peut faire entendre qu’un bruit rauque et confus,
Comme un chaudron de macaroni sur le feu.