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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/283

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À CHEVAL


» Vous êtes attendu, on soupire après vous,
» Veuillez bien suivre mes pas. »
Elle le mène à un cabinet et : « Vous attendrez
» Ici, » ajoute-t-elle, « je reviendrai avec elle. »
Le cœur du moine, oppressé par trop de joie,
Fut près d’éclater ; il ne tenait pas dans sa peau.

Mais quelle terrible frayeur s’empare de lui
Lorsque, assis sur un sofa,
Où il croyait chevaucher Madame,
Il vit paraître devant lui le messer !
Je veux dire le terrible Duc, suivi
D’un valet de chambre robuste et dévoué.

Ceux-ci, sans prononcer un seul mot
Le saisirent aussitôt en lui faisant mauvais visage,
Et, après lui avoir passé une corde au cou,
Ils le pendirent au fer d’un reverbère ;
À peine le révérend père put-il dire :
« in manus tuas, domine, commendo… »

Ainsi suspendu en l’air, il semblait une marionnette,
Tant il faisait de gambades et de cabrioles ;
Mais, le fatal cordon le serrant davantage,
Son visage se couvrit d’une pâleur violacée
Et avec un pet, par l’orifice de derrière,
Il rendit son âme au diable, ou à Saint Pierre.

Le Duc, quand il eut de cette façon assouvi
Tout le ressentiment qu’il avait dans le cœur,
Se tut, et commençant à faire mauvaise mine,
Il regarde, immobile, son serviteur :
Puis, tout pensif, l’air préoccupé,
Il dit : « Qu’allons-nous faire maintenant de ce mort ? »