Aller au contenu

Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
MADAME LORENZA


Son cœur agité par des palpitations
Redoublées, lui martelle fortement la poitrine ;
Il a la bouche sèche ; ses yeux largement ouverts
Dans les ténèbres font le même effet
Que ceux d’un chat, alors qu’en une chambre obscure
Il s’introduit et fait peur à tout le monde.

À la fin, il s’étend dans le lit. Le Capitaine,
Après avoir travaillé à lui tout seul
Très peu de la tête, mais beaucoup de la main,
Son ardeur calmée, s’était assoupi :
Ah ! le pharmacien ni le docteur n’ont pas
Si bon remède contre le mal d’amour :

Remède utile et qui ne coûte pas d’argent,
Nécessaire aux abbés, aux écoliers,
Ressource d’un vaste couvent tout entier,
Douce consolation des séminaires,
Distraction agréable pour les navigateurs,
Et calmant pour les amoureux supplantés.

Checca !… Ah ! cruelle Checca ! il y a bien des jours déjà
Que je souffre de tes caprices et de ta rigueur ;
En vain je prie, en vain j’espère que Cupidon
Finira par te réchauffer le cœur !
Grand sot que je suis ! Je pourrais guérir,
Et je n’emploie pas le remède qui conviendrait à mes maux.

Mais revenons au Moine ; déjà il a glissé,
Quoique en tremblant, sa main avide
Sur des tetons dont la blancheur surpasse
Celle de la neige et du lys dans la campagne ensoleillée,
Et, à leur bout, il en agite
Doucement, doucement, la petite fraise couleur de rose.