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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/344

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MADAME LORENZA


» Adieu, nous nous reverrons sous peu. — Je pars, »
Répondit le Moine, « et soyez bien tranquille :
» Vous trouverez un tailleur honnête,
» Un médecin qui ne soit pas charlatan,
» Un sbire compatissant, un douanier poli,
» Avant de me voir trahir la foi et le secret. »

Le Moine parti, la femme de chambre entra ;
Elle avait entendu le double combat,
Mais comme elle était fine et savait faire sa cour,
Elle ne laissa pas voir qu’elle le sût ou s’en doutât ;
Cependant la Duchesse rit et devint rouge :
Con-gros rit, et devint rouge, elle aussi.

— « Con-gros, » dit la dame, « je suis pressée de remplir
» La mission que l’Empereur m’a imposée :
» Le père Alfonso est venu près de moi…
» Il ne nie pas qu’il soit l’auteur du viol…
» Mais…, s’il faut vous dire la vérité…
» Je le déclarerai innocent… il me plaît, cet homme !

» Quand il se présentera, avec adresse et dextérité,
» Si cet imbécile n’est pas ici à m’assommer,
» Faites-le entrer… Oh ! ouvrez la fenêtre,
» Faites-moi venir ici le Capitaine,
» Ce grand héros qui, si mal monté,
» Se risque à tenter si belles entreprises. »

La servante partit ; la Duchesse alors
S’arrangea décemment sur le lit
Et fit en sorte de ne rien montrer
Qui pût éveiller une tendre inclination.
La femme est une plante qui ne laisse voir son fruit
À qui n’en saurait tirer bon parti.