L’Iman fut stupéfait en voyant
La ressemblance des deux Musulmans ;
Toutefois, ouvrant aussitôt le grand Alcoran,
Il lut certaines prières et certains versets étranges,
En ordonnant au diable de sortir vite
De ce logis et de n’y plus revenir.
Voyant que le démon ne s’en allait pas,
L’Iman ne sut plus que faire ;
L’air hébété, il regarda ses prêtres,
Et se remit à réciter les mêmes prières ;
Mais Capelbruno restait toujours là ;
L’Iman réfléchit, et à la fin parla ainsi :
« Certainement le Démon n’est pour rien ici,
» Mais bien quelque Génie de la céleste voûte ;
» Par conséquent, tout notre art serait inutile,
» Pour prononcer entre ces deux-là un jugement certain :
» C’est pourquoi, le cas bien pesé, je pense
» Qu’il faut avoir recours à un expédient.
» Il y a ici onze femmes : eh bien ! Messieurs,
» Exhibez vos outils conjugaux,
» Donnez libre cours à vos ardeurs
» Et pleine satisfaction à vos génitoires.
» Celui qui le fera le plus de fois en une heure,
» Celui-là sera le vrai Mustapha »
Capelbruno accepta la grande épreuve,
Mais le mari jaloux en frémit ;
Cependant, il n’eut pas l’audace de s’opposer
À la sentence que prononça l’Iman ;
Il se mit à l’œuvre et, en une heure, à peine
Put-il trois fois jouer du croupion.