jurlent à la cornemuse qui ronfle, tandis que les roues grincent sur le gravier. Cohue, misère, sauvagerie ! Mais tout cela est si plein de vie et de mouvement j Fi de notre mollesse inerte comme la mort, fi de notre indolente langueur, monotone comme les chants de l’esclave !
Le jeune homme promène un regard découragé sur
la plaine déserte. 11 n’ose s’avouer à lui-même la cause
secrète de sa tristesse. Pourtant, Zemfira, la belle aux
yeux noirs, est à ses côtés. Maintenant, il est libre et le
monde est devant lui. Sur sa tête un radieux soleil
brille dans sa splendeur de midi. Pourquoi le cœur du
jeune homme tressaille-t-il en sa poitrine ? quel secret
ennui le tourmente ?
« L’oiselet du bon Dieu ne connaît ni souci ni travail.
Pourquoi se fatiguerait-il à tresser un lit et solide et
durable ? La nuit est longue, un rameau lui suffit
pour dormir. Vienne le soleil en sa gloire, l’ oiselet
entend la voix de Dieu, il secoue ses plumes et chante
sa chanson.
« Après le printemps, splendeur de la nature, vient l’été avec ses ardeurs ; puis arrive le tardif automne