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souvenirs de rome

Sainte Monique et saint Augustin arrivant, par un élan d’amour, jusqu’à Dieu, et y touchant, pour ainsi dire par un bond sublime : voilà ce qu’on appelle un ravissement. Combien de temps demeurèrent-ils en cet état, muets, hors d’eux-mêmes ? Ni l’un ni l’autre n’auraient pu le dire. Car dans cette suspension de toutes les facultés, qu’on nomme l’extase, le temps ne pèse plus à l’âme heureuse. Eût-il duré un siècle, ce ne serait pour elle qu’un éclair, comme un rideau qui se soulève un instant et qui retombe trop vite. Aussi on ne sort d’un tel état qu’avec un gémissement. « Nous jetâmes un soupir, continue saint Augustin, en voyant qu’il fallait redescendre ; et y laissant du moins nos esprits et nos cœurs captifs, nous revînmes tristes à la région où retentit le bruit de la voix, la parole qui a un commencement et une fin. »

Oh ! qu’elle est bien divine la religion qui peut élever les âmes à de telles hauteurs !

Nous avons dépassé la basilique de Saint-Paul, à laquelle nous reviendrons, et nous laissons la route d’Ostie pour nous engager dans la nouvelle voie Ardéatine. En moins d’une demi-heure nous descendons au fond du petit vallon où l’apôtre des nations fut décapité, et où s’élèvent maintenant trois églises.

Celle de Saint-Paul des Trois-Fontaines tire