Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
363
le comte de chambord

Oui, la France peut gémir, car dans le comte de Chambord elle a perdu un grand homme, un grand chrétien, un grand prince. L’Église a ressenti son malheur et s’est affligée en apprenant que le cœur du petit-fils de saint Louis avait cessé de battre :

Tous ceux qui, dans notre mère-patrie, sont restés fidèles aux traditions monarchiques regardent cette mort comme un châtiment ou une terrible épreuve. Ils soupiraient depuis si longtemps après le jour où le roi, revenant au milieu de son peuple, travaillerait à sa pacification et à son bonheur ! Ils attendaient de lui de si grandes choses ! Tant d’œuvres nationales naîtraient et grandiraient à l’ombre de son drapeau pour le bien du pays et pour l’honneur de Dieu ! Ce vieux drapeau avait-il toujours été sans tache ? Nous sommes loin de le prétendre, mais convenez-en, il portait dans ses plis des siècles de gloire et de vertus. Un canadien peut-il oublier qu’il fut le premier étendard planté sur notre sol à côté de la croix ?

Le Roi !… Vienne le Roi, tel était le cri de plusieurs millions de Français. Le peuple, le bon peuple priait, allant de pèlerinage en pèlérinage, et se disant que le ciel ne pouvait rester sourd à ses supplications ardentes. Chaque année, quand venait la fête de l’illustre proscrit, les royalistes réunis dans quelque ville de la Bretagne, ou du midi de la Vendée exprimaient hautement sous les