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FRAGMENTS

nons notre amante, nous-mêmes et vous-mêmes. Maintenant, nous voyons les liens véritables qui attachent le sujet à l’objet, nous voyons qu’il y a en nous aussi un monde extérieur, qui se trouve, avec notre intimité, en des relations analogues à celles où se trouve le monde extérieur hors de nous avec notre extérieur ; et que celui-ci et celui-là sont unis de la même façon que notre intérieur et notre extérieur ; de sorte que nous ne pouvons saisir que par la pensée, l’intérieur et l’âme de la nature, comme nous ne pouvons saisir que par la sensation l’extérieur et le corps de la nature.

La philosophie véritable est entièrement un idéalisme réaliste ou spinozisme. Elle repose sur une foi supérieure. La foi est inséparable de l’idéalisme.

La distinction entre l’erreur et la vérité se trouve dans la différence de leurs fonctions vitales. L’erreur vit de la vérité. La vérité vit sa vie en elle-même. On anéantit l’erreur comme on anéantit les maladies : et ainsi l’erreur n’est autre chose qu’une inflammation ou une extinction logique, rêverie ou philistinerie. L’une laisse généralement après elle un manque apparent de force pensante, à quoi rien ne peut remédier qu’une suite décroissante d’excitations, de mesures coercitives. L’autre dégénère souvent en une vivacité trompeuse dont les dangereux