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FRAGMENTS

Notre langage est ou bien mécanique, atomistique, ou bien dynamique. La véritable langue poétique devrait être organique et vivante. Combien souvent ne constate-t-on pas l’indigence des mots qui d’un seul coup doivent atteindre plusieurs idées !

Les consonnes sont les touches et leur succession et leurs alternations sont empiriques. Les voyelles sont les cordes vibrantes ou les tuyaux. Le poumon est l’arc qui vibre. Les cordes multipliées sur l’instrument ne l’y sont que pour notre facilité ; ce sont des abréviations.


Les dialectes et les prononciations sont formées par les consonnes et les voyelles. Parler des lèvres, des gencives, de la gorge, de la langue, des dents, du nez, etc. Plus d’une manière de parler naît de l’e, o, a, i. Ainsi tout homme a sa voyelle principale. Il en est de même de la musique : tout morceau de musique a son ton fondamental et son thème.

Tout mot n’est pas un mot complet. Les mots sont tantôt voyelles, tantôt consonnes, mots qui valent par eux mêmes et mots qui ne valent que par accompagnement.