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FRAGMENTS

ne commence-t-il point partout par la maladie ? La demi-maladie est un mal, la maladie totale une volupté ; et d’essence supérieure… La douleur pourrait-elle être détruite dans le monde, comme le mal ? Est-ce que la poésie détruirait la douleur comme la morale détruit le mal ? Le cœur qui est bon, ne va pas à la vertu par le mal, mais par la philosophie. Il n’y a ni mal ni douleur absolus. Il est possible que l’homme se rende par degrés absolument méchant, et crée également de la sorte une douleur absolue ; mais l’un et l’autre sont des produits artificiels, que l’homme détruira simplement selon les lois de la morale et de la poésie, sans y croire, sans les admettre. — Toute douleur et tout mal sont isolés et isolants ; c’est le principe de la séparation. Par la réunion, la séparation cesse et ne cesse pas ; mais le mal et la douleur, en tant que séparation et réunion apparentes, cessent en effet par séparation et réunion véritables, qui n’existent qu’alternativement. — J’anéantis le mal, la douleur, en philosophant. C’est une élévation, une direction du mal et de la douleur sur eux-mêmes, ce qui a lieu, en sens inverse, pour le bien, la volupté, etc.

Il est étrange que le fond propre de la cruauté soit la volupté.

Il est assez étonnant, que depuis longtemps l’association de la volupté, de la religion et de la