Page:Novalis - Les Disciples à Saïs, 1914, trad. Maeterlinck.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
FRAGMENTS

nécessaire. La nature va aussi a priori ad posterius, tout au moins pour nous. La personnalité lui est opposée. Elle est un processus de personnification enrayé. Plus il y a d’enrayement, plus il y a de naturel.

La vraie jouissance est aussi un perpetuum mobile. (En général, la mécanique est la formule d’analogie la plus utilisable pour la physique). À proprement parler, elle se reproduit toujours d’elle-même ; et que ceci n’ait pas lieu (la friction) c’est d’où provient tout déplaisir et tout mécontentement en ce monde.

Pourquoi ne peut-il y avoir de virtuosité dans la religion ? — Parce qu’elle est fondée sur l’amour. Schleirmacher avait prêché une sorte d’amour, de religion — une religion d’art — presque une religion pareille à celle de l’artiste qui vénère la beauté de l’idéal. L’amour est libre, il choisit de préférence le plus pauvre et le plus nécessiteux. C’est pourquoi Dieu aime surtout le pauvre et le pécheur. S’il y a des natures sans amour, il y en a aussi sans religion. Problème religieux : avoir compassion de la divinité. — Mélancolie infinie de la religion. Pour que nous aimions Dieu, il faut qu’il ait besoin d’aide. Jusqu’à quel point ce problème est-il résolu dans le christianisme ?

La vie d’un homme cultivé devrait simplement