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INTRODUCTION

accompagne son héros, Henry d’Ofterdingen, dans son voyage idéal. C’est entre elle et ses trois sœurs que s’écoula, dans ce petit château solitaire, toute son enfance maladive. Il y vécut, au fond des chambres un peu sombres et encombrées des vieilles demeures allemandes, cette vie discrète et silencieuse qui donne à l’être intérieur le temps de se trouver et de s’interroger dès les premières heures. Ensuite, il étudia aux universités d’Iéna, de Leipzig et de Wittenberg, et le voici sur le point de sortir de ces années obscures où l’âme se prépare, sans qu’on en sache rien, pour entrer dans la bande de lumière que son œuvre a tracée sur sa vie, faite des petites choses dont sont faites les vies.

Nous sommes en 1794. Il y a treize ans que Kant a publié la Critique de la raison pure ; mais ce n’est guère que depuis quatre ou cinq ans que ce livre se répand en Allemagne et que commence, dans l’enthousiasme et la colère, le règne despotique du philosophe de Kœnigsberg. Dans le même temps que Kant analyse, Fichte reconstruit le monde dans sa Doctrine des sciences, tandis que Schelling enseignait déjà, dans sa petite chambre de Leipzig, à quelques disciples dont était Novalis, l’identité absolue de l’objectif et du subjectif.

Ce n’est point le lieu de rappeler ici, à