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LES DISCIPLES À SAÏS

Ce n’est que par moments que leurs peines et leurs désirs paraissent prendre corps. Ainsi naissent leurs pressentiments ; mais peu après, tout flotte de nouveau, comme autrefois, devant leurs yeux.

J’entendis dire de loin que l’inintelligibilité n’était que le résultat de l’Inintelligence ; que celle-ci cherchait ce qu’elle avait déjà, et, ainsi, ne pouvait rien trouver par-delà. On ne comprenait pas la parole, parce que la parole ne se comprenait pas, ne voulait pas se comprendre elle-même. Le Sanscrit véritable parlait pour le plaisir de parler, parce que la parole était sa joie et son essence.

Peu de temps après un autre dit : L’Écriture sainte n’a pas besoin d’explications. Celui qui énonce la Vérité est plein de la vie éternelle, et ce qu’il écrit nous paraît prodigieusement relié à d’authentiques mystères, car c’est un accord de la symphonie de l’Univers.

Assurément la voix parlait de notre Maître, car il s’entend à réunir les traits qui sont épars de tous côtés. Une clarté singulière s’allume en son regard, quand les Ruines sublimes sont ouvertes devant nous et qu’il épie en nos yeux le lever de l’étoile qui doit nous rendre visible et intelligible la Figure. S’il nous voit tristes, et que la nuit ne cède pas, il nous console, et promet au voyant assidu et fidèle une fortune meilleure. Souvent il nous a dit comment, en son enfance, le désir d’exercer ses sens, de les occuper et de les satisfaire ne lui laissait aucun repos. Il contemplait les étoiles, et sur le sable, il imitait leur position