Aller au contenu

Page:Novicow - La Critique du darwinisme social.pdf/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire d’autant moins exception à cette règle qu’il ressemblait plus à l’animal. Ratzenhofer trouve une raison à l’hostilité des hordes primitives. Il dit « qu’appartenant à des races et à des civilisations différentes, elles devaient ressentir tout contact comme douloureux ». Remarquez d’abord le terme « civilisations différentes ». Dans les temps primitifs il n’y avait pas de civilisation, mais l’état de nature, comme chez les singes anthropomorphes. À cette époque, les différences de civilisation ne pouvaient pas pousser les hordes aux combats puisque ces différences n’existaient pas, vu qu’il n’y avait pas de civilisation. Lorsque ces différences de civilisation ont apparu, les temps primitifs étaient passés depuis des milliers et des milliers d’années.

Venons à la différence des races. Et d’abord, pourquoi les différences, non seulement de race, mais même d’espèce, ne poussent-elles pas les bandes d’animaux à se livrer, au moindre contact, des combats exterminateurs ? Lorsque des chimpanzés et des makis se rencontrent dans les forêts tropicales, ils ne se jettent pas les uns sur les autres pour s’exterminer. Or, il y a entre les makis et les chimpanzés une différence autrement grande qu’entre les races humaines les plus dissemblables.

Ensuite, avec l’esprit superficiel qui caractérise les sociologues darwiniens, Ratzenhofer ne s’aperçoit pas que le contact entre bandes de races différentes devait être impossible dans les temps primitifs. Ratzenhofer brouille tout et confond les faits de notre temps avec ceux de l’époque primitive. C’est parce que nous avons maintenant des navires et d’autres moyens perfectionnés de locomotion que des races différentes, comme les Patagons et les Européens, peuvent entrer en contact soudain. Mais, il y a 200.000 ans, un voyage d’Europe en Patagonie était complètement irréalisable. Européens et Patagons ne pouvaient donc pas venir en contact. Il était matériellement possible, à cette époque, d’aller à pied du Canada