Page:Novicow - La Critique du darwinisme social.pdf/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent dans les plantes. Ainsi l’œnothera lamarckiana se « pulvérise en un nombre considérable de formes plus ou moins bien adaptées pour la concurrence vitale ». Or, si plusieurs formes sont également bien adaptées pour la concurrence vitale, comment peut-on dire que cette concurrence est la cause de la variation ? Si la concurrence était l’unique cause de la variation, elle ferait survivre une seule forme, précisément la plus apte. Mais s’il survit plusieurs formes, c’est que, en plus de la concurrence, il y a aussi d’autres causes de variation que nous ne connaissons pas.

Les explications de Darwin ne sont donc pas satisfaisantes. Les espèces ne varient pas par la seule nécessité de s’adapter au milieu, puisque plusieurs espèces différentes sont simultanément adaptées au même milieu. La variation doit provenir d’un ensemble énorme de circonstances et non d’une seule. À proprement parler, chaque individu, vivant actuellement sur le globe, est la résultante de l’ensemble des circonstances traversées par tous ses ancêtres. On peut donner à cet ensemble de circonstances le nom de milieu. Mais le terme est bien impropre. Le mot milieu implique une représentation plus ou moins statique, qui est fausse. « L’ensemble des circonstances traversées par la série des ancêtres » est, au contraire, une conception dynamique, beaucoup plus juste. Mais, sitôt qu’on admet ce point de vue, plus conforme à la réalité des choses, toute la théorie de la survivance des plus aptes est ruinée immédiatement.

Voici deux jeunes pousses qui sortent de terre : celle d’un frêne et celle d’un chêne. Une chèvre passe, par hasard, et mange la pousse du frêne. Elle épargne la pousse du chêne, qui devient un grand arbre. Les darwiniens, en présence de faits de ce genre, disent que, si le chêne a survécu, c’est qu’il était mieux armé pour la lutte ou, en d’autres termes, qu’il était plus apte. Or, il est évident que toutes ces affirmations ne soutiennent pas