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Page:Novicow - La Critique du darwinisme social.pdf/35

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résultat d’une lutte de deux facteurs : la substance, localisée dans le contour de l’animal, le corps de l’animal d’une part et, d’autre part, le milieu ambiant… La vie, c’est la lutte même entre le corps de l’être et l’ambiance… Le phénomène immédiat de la lutte se passe entre l’individu et l’ambiance bien plus souvent qu’entre un individu et un autre individu. La véritable lutte, la lutte directe, c’est la lutte de l’homme contre le milieu ; cette lutte, c’est la vie. »[1]

Ainsi la science biologique, sur laquelle les darwiniens prétendent s’appuyer, ne se prononce pas pour eux, mais contre eux. La biologie, en démontrant que la vie est une lutte contre le milieu physique, fait voir que cette lutte est le phénomène principal, tandis que la lutte entre individus de même espèce est un phénomène accessoire, dont l’importance est relativement minime. La biologie remet les choses à leur place ; elle oblige la sociologie à considérer, avant toutes choses, les rapports de l’homme avec le milieu physique ; elle oblige à se débarrasser de la profonde cécité qui frappe les darwiniens ; elle oblige enfin à reconnaître, en premier lieu, qu’il y a un monde extérieur, immense et infini, dont la considération doit primer tout le reste.


Examinons maintenant les différentes péripéties de la lutte entre l’organisme humain et le milieu physique.

Le premier acte de cette lutte est la respiration. S’il n’arrive pas à chaque instant aux poumons de l’homme une quantité d’air suffisante pour faire fonctionner ses organes, il meurt aussitôt. Par suite, lorsque cette circonstance vient à se produire, l’homme fait les efforts les plus prodigieux pour se procurer, de nouveau, la quantité d’air qui lui est indispensable. Comme nous sommes plongés dans un réservoir d’air pour ainsi dire inépui-

  1. La lutte universelle. Paris, 1906. pp. 73 et 283.