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tatations impersonnelles et désintéressées, et le règlement social, conçu par les hommes intelligents en vue d’assurer à une société d’individus, soumis à la loi naturelle, la plus grande somme possible de bonheur. »

M. Le Dantec dit vrai : il y a confusion. Mais elle n’est pas où il l’imagine. Elle est chez lui, non chez les pacifistes. Il n’y a aucune similitude entre les rapports des êtres vivants au sein du milieu physique et les rapports des hommes au sein du milieu social. Ce dernier milieu est complètement différent, et, par suite, il s’y produit des phénomènes qui n’existent pas dans le premier. Comment M. Le Dantec, qui est naturaliste, n’est-il pas le premier à le comprendre et à le signaler ? Il y a une grande différence entre les rapports d’un être vivant et du milieu environnant et les rapports des organes de ce même être vivant. Vie et lutte universelle sont assurément des termes synonymes, mais non pas vie et extermination du semblable par le semblable, soit sous forme individuelle[1], soit sous forme collective (guerre civile ou internationale). Si les hommes ne se combattaient pas entre eux, ils seraient simplement comme les tigres qui ne se mangent pas les uns les autres. Mais si les hommes faisaient comme les tigres, la définition de la vie ne changerait en rien : elle serait toujours une lutte perpétuelle contre le milieu physique. Si les hommes cessaient de se massacrer, ils rentreraient seulement dans la règle commune suivie par tous les animaux. Les hommes retourneraient à la vérité, dont ils se sont écartés par suite d’une aberration de leur esprit. Ils vivraient selon la loi de la nature. Il est inutile de dire qu’ils atteindraient alors le maximum de bien-être.

Le lecteur comprend, sans doute, que, sous le nom de « milieu physique », j’entends, comme d’ailleurs tous les naturalistes, non seulement les objets inanimés (gaz et

  1. Ce qui, au sein de l’espèce humaine, est qualifié de meurtre.