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mique, politique et intellectuel, que les facteurs purement physiologiques jouent un rôle subalterne.

Je puis donc passer sous silence les luttes qui ont pour but la reproduction et me borner à parler de celles qui ont pour but l’alimentation.

Les luttes par absorption sont extrêmement rares entre animaux de même espèce. Ni les loups, ni les tigres ne se mangent entre eux. Les hommes non plus n’ont pas pu se manger entre eux à l’époque où ils étaient seulement fructivores. Quand ils ont inventé le feu, ils ont pu manger la viande et se manger les uns les autres. Mais le cannibalisme a dû être nécessairement d’une pratique assez rare, par suite de la loi que la force suit la ligne de la moindre résistance. Comme le tigre ne chasse pas le tigre pour en faire sa nourriture habituelle, l’homme n’a pas chassé l’homme. Le cannibalisme a été introduit dans l’espèce humaine à une époque plus récente, lorsqu’elle était déjà arrivée à une certaine organisation politique. Toujours le cannibalisme a été un cas sporadique et rare. Ni les Égyptiens, ni les Babyloniens, ni les Assyriens ne l’ont connu. Il ne faut pas oublier que le cannibalisme a été pratiqué parfois parmi les hommes, non pour le motif physiologique de la faim, mais par suite d’impulsions de l’ordre mental. On croyait, par exemple, qu’en mangeant le corps de l’ennemi vaincu on acquerrait certaines qualités comme le courage.

Il va sans dire que la lutte par absorption s’oppose à toute association entre les vainqueurs et les vaincus. Par le fait que la mort de l’antilope fait la vie du lion, et la mort du lion la vie de l’antilope, aucune communauté n’est possible entre ces deux êtres. Le seul rapport qui puisse exister entre eux est celui de l’antagonisme absolu et irréductible.

Très bravement et sans songer à mal les darwiniens assimilent une guerre entre l’Allemagne et le Danemark, par exemple, au combat entre un lion et une gazelle. Il