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l’autre. Les associations biologiques également se forment autant par la coopération que par la lutte contre les espèces naturellement ennemies. L’association, c’est la vie ; la dissociation, c’est la mort. Assurément, la mort est un phénomène universel, mais la vie aussi. Dire que le progrès vient uniquement de la mort et jamais de la vie, comme le font les darwiniens, est insoutenable.

Le darwinisme social est la négation même de la sociologie, puisqu’il nie que l’association soit le phénomène fondamental de cette science. En effet, quand on affirme que le progrès vient de l’homicide, on soutient, en réalité, que le progrès vient de la dissociation. D’autre part, l’homicide est un acte physiologique ; c’est la suppression d’une vie individuelle. Encore à ce point de vue spécial, le darwinisme social est la négation de la sociologie, car il attribue le progrès, non pas au jeu complexe des actes sociaux (se ramenant à des actes interpsychiques), mais à un fait physiologique. La sociologie est la science de la symbiose humaine. Dès que l’on affirme que le progrès vient du contraire de la symbiose, on sape le fondement même de la science sociale. On ne peut pas comprendre, quand on examine de près le phénomène de la vie, comment des sociologues ont pu se rallier un seul instant aux erreurs darwiniennes !


Puisque la lutte est un phénomène universel dans la nature, on en a conclu qu’elle doit se retrouver également au sein des sociétés humaines. On a constaté qu’il en est ainsi et on en a déduit qu’il y a un antagonisme irréductible entre les intérêts de l’individu et l’intérêt de la collectivité, entre les intérêts des individus et enfin entre les intérêts des classes sociales. Ces idées sont anciennes, mais leur popularité s’est accrue lorsque Karl Marx a exposé son socialisme soi-disant scientifique. Karl Marx a fait de la lutte des classes le pivot même de l’évolution du genre humain. D’autre part, le darwinisme venant