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SAVINIEN.

C’est vrai ! C’est tout d’même une drôle d’idée qu’il a évue défunt vot’parrain de vous laisser ce moulin à la condition de le mettre en vente et d’épouser celui qui l’achèterait.

JEANNE.

Il a dit comme ça au notaire que c’était pour me faire avoir un établissement.

SAVINIEN.

Possible qu’oui ! mais moi ! Si j’allais me trouver distancé aux enchères. Si un autre achète…

JEANNE.

Nous ferons tout ce qu’il faut pour que ça ne soit pas. Et il faut d’abord nous débarrasser d’un gros fermier des environs et de son fils. Un ancien ami à mon parrain, l’notaire, m’a dit qu’ils avaient ben envie du moulin, mais quand ils verront dans quel état il est… ça leur donnera à réfléchir, sans compter que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour les dégoûter du mariage…

SAVINIEN.

Ben parlé, mamzelle. Moi, de mon côté, j’ai déjà répandu le bruit qu’il y avait un riche propriétaire qui allait venir à la vente. Ils ne me connaissent point, je les ébourifferai un peu, je leur ferai sonner aux oreilles plus de louis que je n’ai d’écus.

JEANNE.

Oh ! nous réussirons !

SAVINIEN.

Faut ben l’espérer ! sans ça quoi que je deviendrais, moi qui vous aime tant.

COUPLETS ET DUO.
I
–––––––Le ruisseau qui prend sa source
–––––––Pour venir d’ici chez moi,
–––––––Chaque matin dans sa course
–––––––Semble me parler de toi.
––––––––Pour moi dans la nature
––––––––Il n’est plus qu’une voix,
––––––––Et l’onde qui murmure
––––––––Dit ton nom chaque fois.