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CHAPITRE XII


Les quelques lignes qui précèdent consacrées au vêtement féminin chez les peuples hors de l’Europe prouvent que si les rudiments du corset se retrouvent dans l’histoire de tous les temps, ils se retrouvent aussi dans l’histoire de tous les pays.

Quoi donc d’étonnant à ce que le corset, aussi universellement connu, ait été porté par les hommes ? Ceux-ci n’ont-ils pas eu à faire valoir parfois pour adopter ce vêtement les mêmes raisons, bonnes ou mauvaises, sérieuses ou frivoles, par lesquelles les femmes expliquent l’usage du corset et dont elles se servent pour proclamer la nécessité de cette partie de leur habillement ?

Dans les jeux olympiques, les Grecs se ceignaient les reins du soster et les Romains du cingulum. Chez ces mêmes anciens « les corsets destinés aux torses masculins étaient des cuirasses formées de lames de bois de tilleul qui soutenaient le tronc comme en portait le Cinésias, l’homme au tilleul, raillé par Aristophane dans sa comédie des Oiseaux ou qui dissimulaient la voussure de la vieillesse à l’exemple d’Antonin le Pieux, lequel, au dire de Capitolin, se garnissait la poitrine de petites planchettes de bois léger afin de marcher droit. »

En France, les corsages étroits ajustés à la taille apparaissent vers le milieu du XIVe siècle, sous le roi Jean. Ces vêtements étaient lacés sur les côtés ou en arrière et quelquefois munis d’agrafes en avant. Les gipons ou justaucorps, étaient rembourrés de crin et faisaient saillir la poitrine des seigneurs avec excès ; on prétend, dit Roger Miles, que cette coutume fut amenée par l’usage des cuirasses bombées. À la Renaissance, on ajoute un busc en haut du pourpoint qui prend le nom de corsetus et les deux sexes s’en couvrent la poitrine. Sous François II, en vertu de la mobilité de la mode et de la loi des contrastes qui la régit, ce buste descend et dessine la panse de Polichinelle, digne pendant des grotesques vertugadins. De là, les plaintes de Montaigne : « Quand nostre peuple portoit le buse de son pourpoint entre les mamelles, il maintenait par vifves raisons qu’il estoit en son vray lieu ; quelques années après le