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Mais ces vêtements dont elle se couvre, ces lingeries, ces dentelles dont elle se pare seraient dans l’immense majorité des cas, pour ne pas dire toujours, insuffisants à rendre la femme désirable si celle-ci se contentait de vêtir de falbalas un corps fatigué, déformé, vieilli ; aussi la femme a-t-elle trouvé mieux.

Primitivement destiné à protéger le corps contre les lacets ou les cordons des jupes, primitivement destiné à rendre plus facile et plus léger le port des jupons, le corset a bientôt été détourné de son utilisation première, il est devenu l’arme par excellence que la femme emploie pour tromper sur la réalité de ses formes, comme il est devenu « l’armature » essentielle de la toilette féminine. Ne peut-on dire, avec Henry Fouquier, qu’il est la pierre angulaire de cet édifice, qu’est)a toilette d’une femme élégante d’aujourd’hui ?… Et puisque pour l’homme de nos contrées ce qui l’attire le plus dans la femme c’est en dehors des lèvres au, sourire charmeur, la forme des seins, et la chute des reins, et puisque « pour l’homme fait, le besoin sexuel se traduit avant tout par des représentations visuelles » l’on comprendra comment le corset qui peut par une coupe savante soit modifier le volume de la gorge, soit resserrer des chairs envahies par la graisse, et qui permet, grâce à un laçage sévère entre les côtes et le bassin de rendre fine une taille dont l’exiguïté s’accroît du contraste des masses sus ou sousjacentes — taille que la sottise masculine considère comme une beauté chez la femme — l’on comprendra donc que le corset soit en si grande faveur parmi les femmes que depuis des siècles aucune malédiction des philosophes, aucun conseil des hygiénistes, aucune prescription des médecins n’ait pu les convaincre de se défaire de cet instrument qui devient si facilement entre leurs mains un instrument de supplice, une cause de maladie.

C’est qu’en effet parmi tous les avantages du corps féminin, celui qui passe pour le plus important, c’est la sveltesse de la taille et pour l’obtenir les femmes ont eu recours au corset sous toutes ses formes.

D’Hippocrate à Sömmering, bien des voix autorisées se sont élevées contre l’usage du corset et bien d’autres s’élèveront encore après eux, hélas ! fort inutilement. Les femmes à qui le corset est nécessaire l’ont toujours conservé et le conserveront tant que le monde sera monde.

« Je ne suis pas ennemi du corset, mais ennemi de l’abus qu’on en a fait. Le déconseiller aux femmes mal faites, c’est prêcher dans le désert ; je me suis contenté,