Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XV


Quel corset la femme doit-elle porter ?

Ce travail serait incomplet si avant de répondre à cette question je n’indiquais pas comment certains auteurs ont voulu solutionner le problème du vêtement féminin. Si leur théorie, si mieux la mise en pratique de leur théorie est acceptable, il ne sera plus utile de chercher quel corset la femme doit porter puisqu’elle aura alors pour plaire d’autres armes que le corset et que les robes modernes.

En mars 1904 paraissait dans l’Illustration un article intitulé : Une ennemie du corset, et relatant les expériences publiées dans une revue anglaise par une femme médecin, Mme Arabella Kenealy : « Un savant anglais a fait récemment une série d’expériences assez curieuses. Il a eu l’idée de faire porter des corsets à des singes, de petits corsets faits à leur taille, mais d’ailleurs exactement pareils à ceux que portent aujourd’hui les femmes. Et il a noté d’abord, chez tous les singes soumis à l’expérience, un mécontentement manifeste, — et certes bien excusable — de l’épreuve qu’il leur imposait. Puis, au bout de quelques jours, d’autres résultats se sont produits. Ceux d’entre les singes dont les corsets avaient été serrés étroitement dès le début moururent d’asphyxie. Ceux pour qui l’on avait adopté un système gradué, consistant à serrer un peu davantage tous les jours, finirent au contraire par s’accoutumer à leur supplice ; mais la plupart ne tardèrent pas à être atteints de dyspepsie, d’anémie ou de neurasthénie. Et peut-être croira-t-on que Mme Kenealy en conclut, comme on serait tenté de le faire à sa place, que l’organisme a très vite fait de s’accoutumer à tout, puisqu’il a suffi de procéder graduellement, avec ces singes, pour que, au lieu de mourir de leurs corset, ils n’en éprouvassent plus que des inconvénients, en somme, de peu d’importance. Sans compter que, très probablement, si le savant en question avait soumis à la même épreuve plusieurs générations successives de singes, l’influence de l’adaptation héréditaire aurait atténué de plus en plus, chez les petits-enfants, les inconvénients observés chez leurs grands-parents. Mais, pas du tout, ce n’est pas ainsi que raisonne la doctoresse anglaise. De ces expériences sur les singes elle conclut directement que, pour les femmes, le corset est une cause, sinon toujours de mort, au moins de la plus affreuse déchéance physique et morale. Elle nous fait un tableau vraiment sinistre des ravages