Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/276

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Interviewé sur ce sujet, un corsetier de Vienne, M. Maschek Palerma, répondit : « Il s’est, fondé ici un club pour la transformation de la femme : eh bien, parmi les femmes réformistes qui prônent la toilette grecque, en est-il seulement deux ou trois qui consentiraient à se montrer en public dans ce costume ? »

Mais qu’importe si le costume réforme est laid, qu’importe si cette espèce de peignoir soutenu par deux bretelles ne fait pas la femme jolie ; s’il la fait saine, l’hygiéniste sera satisfait et pourra d’autant plus prêcher contre le corset ! Or il n’en est pas ainsi si j’en crois une conférence faite par A. Moëller, rédacteur au Medical Zeitschrift für Tuberkulose und Heilstattenwesen.

Pour ce praticien qui a fait de nombreuses observations sur les vêtements en général et sur le costume réforme en particulier, qui par conséquent ne juge pas de parti pris et a une opinion appuyée sur des faits, le port de ce dernier serait désastreux principalement pour les femmes tuberculeuses et pour celles qui ont un terrain prédisposé à la tuberculose.

Le costume réforme, m’écrivait le Dr  Moëller, fait porter les vêtements par les épaules, c’est-à-dire par les parties qui sont situées au-dessus des omoplates et des clavicules.

Directement au-dessous de la peau se trouvent ici les extrémités des poumons qui représentent en général pour la tuberculose un lieu de prédilection. On suppose en effet qu’en ces points les bacilles, peuvent trouver un repos et une prospérité qui leur sont rendues difficiles plus près du centre des poumons où la circulation du sang et l’action chimique de l’air respiré est plus intense. Il est facile de comprendre que la pression des vêtements sur les épaules diminue encore plus la circulation dans les parties supérieures des lobes pulmonaires et en même temps la résistance contre toute influence dangereuse et en particulier contre les microbes de la tuberculose. Cet état dangereux est plus ou moins prononcé suivant le poids des vêtements portés et ce poids est quelquefois considérable surtout lorsqu’il s’agit du costume réforme avec longue traîne. (Quel paradoxe !) Ces constatations font que le costume réforme est contraire aux exigences de l’hygiène et nuisible surtout pour toutes les femmes ayant un système broncho-pulmonaire faible.

Maintenant se pose la question : le costume réforme offre-t-il des avantages qui puissent balancer ses inconvénients ?