jouer les forts est la dernière manifestation d’une volonté tendue au delà de son point maximum et qui rompt comme un acier soumis à des secousses trop fortes et trop brusques. Et c’est à partir de ce moment, seulement, qu’il devient humain, sans plus, sans phrases, sans recherches ; il lutte encore, mais comme l’animal pris au piège ; en face de l’amour, il a le même comportement que les autres hommes qui n’en ont pas encore épuisé la gamme. De sa nuit, il s’évade dans l’amour ; et c’est tellement vrai que, dès l’instant où cet amour vient à lui manquer, il se tourne vers la mort, nuit plus noire encore pour lui que celle dont il était parvenu à s’évader, puisque derrière la mort, il ne voit rien.
Cherteffe est donc foncièrement un faible, un faible dont le sort devient plus tragique encore par son refus d’accepter sa condition humaine. Il y a quelque chose de stendhalien dans ce Cherteffe, à la fois de Julien Sorel et de Fabrice ; il se débat contre l’emprise d’une vie qu’il voudrait libre de contraintes, mais qui fait de l’homme un esclave de lui-même, de sa nature, de ses atavismes, de tout ce qui fait son essence. L’homme porte en lui sa liberté, mais il ne peut la réaliser : tel est le dilemme de la métaphysique contemporaine, métaphysique conduisant presque inévitablement à