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LE ROMAN DE L'HOMME

vrent à une gymnastique par trop physicophysiothérapique et qui manque d’aisance. La trame elle-même s’alourdit et l’analyse que, l’un après l’autre, font les témoins s’égare dans un labyrinthe intellectuel où l’on en perd le fil. Le lyrisme par lequel se termine le dernier témoignage nous laisse insatisfaits. On pénètre, en somme, dans un grand roman par une porte large et spacieuse ; à la fin, malgré toute la poésie des dernières pages, on se retrouve dans une atmosphère où l’on cherche en vain à se démêler. Cloutier n’a pas su tirer toute la substance de son thème ; le lyrisme porte à faux au cours de ce qu’il veut nous présenter comme une « autopsie métaphysique » de la conscience de François.

Le roman ne tombe pourtant jamais dans la banalité. On regrette seulement que cette ampleur de grande symphonie par laquelle il nous saisit dès les premières pages s’infléchisse, pour aboutir à une tonalité toute différente qui est incontestablement une chute. On aurait aimé qu’il s’en tînt davantage à l’analyse de cette « autre dimension, la dimension intérieure plus vraie que le vrai, plus réelle que le réel », qu’il maintînt ce rythme qui place la première partie de son roman parmi ce qui fut conçu de mieux au Canada français.

Malgré ces réserves, cependant, « Les Té-