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LES ROMANCIERS INTELLECTUELS

superficielle, de donner à Baillargeon le titre de romancier, pourrait provenir d’une irritation à ne pouvoir le saisir et aussi le comprendre. « Les Médisances de Claude Perrin » pourraient très bien s’intituler « Le roman d’un idéal » ; l’idéal de l’homme qui voudrait que ses semblables vivent autant d’idées que de pain : « Au Canada », dit Perrin, « le pain c’est le quotidien ». Malheureusement « notre » quotidien empêche trop souvent de penser.

Le Boureil de « La Neige et le Feu » est peut-être, plus que Claude Perrin, strictement un personnage de roman ; Boureil est plus physique que Perrin, plus charnel ; mais c’est encore ici l’esprit qui domine ; il satisfera néanmoins davantage ceux qui ne considèrent le roman qu’en fonction des normes établies. Boureil a une femme qui le quitte, une liaison qui, même s’il paraît se la laisser imposer, n’en remplit pas moins toutes les conditions. Mais Boureil vit surtout de l’intellect. « La Neige et le Feu » est, tout comme ses autres volumes, prétexte à de nombreuses dissertations littéraires ou philosophiques ; mais cela ne justifie pas la mise en cause du genre et de la qualité littéraire de l’œuvre ; c’est aussi un roman de mœurs où Baillargeon demeure l’observateur perspicace qui domine en lui. Son Boureil est probablement un