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LES ROMANCIERS INTELLECTUELS
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joyeuse de « Félix » est surtout cérébrale ; Félix est un dilettante qui s’ignore peut-être, mais conscient des attitudes qu’il prend ; d’ailleurs, tout le roman est pensé en fonction de lui. Il joue un peu le rôle du chœur de la tragédie antique qui expliquait les situations trop imprécises ; mais il est aussi le centre de la tragi-comédie grand-guignolesque qu’est pour lui la vie. Personnage à la fois en retrait et de gros plan, il se plie à toutes les situations qu’au lieu de subir, cependant, il s’efforce de dominer.

On pourrait aussi contester à Jean Simard, pour les mêmes raisons qu’on invoque pour Baillargeon, le titre de romancier : ses livres sont émaillés de réflexions philosophiques, de maximes tirées d’auteurs qu’a lus Félix et qui font figure de hors-d’œuvre. C’est le travers — si on peut appeler cela travers — des écrivains intellectuels qui s’adonnent au roman. « Hôtel de la Reine », cependant, est plus dans la norme du roman conventionnel, avec ses personnages et ses situations bien établies. C’est surtout ici que Simard évoque Lemelin, car il fait lui aussi figure de romancier de mœurs en jetant le feu de sa satire intelligente sur l’équivoque dont est émaillée la religion de toute une partie de notre peuple : bondieuseries, climat sentimentalo-religieux, jansénisme de fa-