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PERSPECTIVES

a un rôle plus particulier à jouer. On a dit que Balzac, Stendhal, Flaubert, furent les grands peintres des mœurs de la société de la première moitié du xixe siècle et que leur témoignage vaut, s’il ne les dépasse, ceux de tous les historiens. Nos romans vaudront aussi en autant qu’ils auront pu fixer la vie du Canada français dans ses manifestations les plus diverses. Parmi ceux que nous avons examinés, bon nombre demeureront les témoins de notre époque, même s’ils n’ont pas l’ampleur universelle qu’on leur souhaiterait.

Mais pour que notre roman continue l’élan qu’il a pris, surtout depuis quelques années, il faut que notre critique tienne son rôle, ce qu’elle a, hélas ! trop souvent manqué de faire. Je ne pense pas que notre critique, prise dans son ensemble, ait vraiment fait œuvre critique. Je n’exclus que Roger Duhamel, lorsqu’il était au « Devoir » et, dans une bonne mesure, Guy Sylvestre, au « Droit ». René Garneau ne sut pas toujours se plier aux circonstances locales, que sa grande culture dépassait ; fin lettré, il se plaisait dans des sphères où nos lettres n’avaient pas encore accédé. Il posa néanmoins des questions pertinentes que, malheureusement, personne n’a reprises depuis, comme